2438. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 29 novembre 1746.

La dépêche que vous m'avez faite le 18 de ce mois, m'a été rendue. L'ouverture que le baron de Scheffer vous a faite des sentiments du ministère de France par rapport aux subsides que la France veut bien donner à la Suède en considération de l'alliance défensive que celle-ci doit conclure avec moi, me fait assez entrevoir le but où la France vise, qui n'est autre que de vouloir m'engager indirectement par là à me mettre encore une fois entre ses mains et à me rembarquer de nouveau avec elle, pour se procurer peut-être quelque issue à sortir de son embarras; en quoi elle ne réussira cependant pas cette fois-ci, et je serai bien sur mes gardes à n'entreprendre rien dont je pourrais avoir sujet de me repentir. C'est pour quoi, si l'on revenait encore à vous parler sur le sujet susdit, mon intention est que vous devez répondre par force de politesses, sans cependant me compromettre à la moindre chose. Si la France veut faire un traité de subsides avec la Suède, j'en serais bien aise, mais vous ferez bien de n'en parler point du tout aux ministres, ou du moins de ne le faire que d'une manière assez tiède. J'attendrai les ouvertures qu'elle me fera faire par Valory; en attendant, je veux bien vous dire, pour votre direction seule, qu'il ne faudra jamais que la France entre d'abord comme partie principale et contractante dans le traité à faire entre moi et la Suède; elle en perdrait ses peines, par l'opposition que le parti anglais et russien en Suède ne manquerait pas d'y faire; elle gâterait d'ailleurs mes affaires et révolterait absolument la Russie.

Federic.

Nach dem Concept.