2568. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 17 mars 1747.
La dépêche que vous m'avez faite en date du 8 de ce mois, m'a été rendue. Les différents motifs que vous me marquez que la cour de Vienne doit avoir pour se prêter à la paix, me paraissent assez fondés, et il est sûr que cette cour ne pourra soutenir à la longue la guerre. Je viens d'apprendre cependant par un assez bon canal qu'il y a vers la fin du janvier dernier une convention secrète arrêtée à Pétersbourg entre les ministres russiens et ceux des cours de Vienne et de Londres, par laquelle la Russie s'oblige à fournir 30,000 hommes de ses troupes, que l'Angleterre doit prendre à sa solde et dont elle disposera pour s'en servir soit aux Pays-Bas soit au Rhin soit à la Moselle; que le lord Hyndford et le général Pretlack n'attendent que le retour des courriers qu'ils ont envoyés à leurs cours respectives pour en avoir des resolutions relativement à ce projet de convention et pour savoir surtout si la cour de Londres la ratifiera, auquel cas on tâchera de faire transporter au plus tôt possible ce corps de troupes au lieu de sa destination. Je vous dis tout ceci pour votre direction seule, avec défense de ne point faire semblant que je vous en aie averti, mais pour vous mettre sur la voie, afin de pouvoir d'autant mieux approfondir cette affaire et pénétrer les résolutions qu'on prendra en conséquence.342-2 Cependant, comme il y a à présent une grande fermentation en Angleterre, sur des divisions qui paraissent vouloir s'élever parmi le ministère et les<343> principaux de la nation et qui commencent à s'étendre jusque dans la famille royale, au point que le prince de Galles paraît presque ouvertement à la tête du parti opposé à la cour, et que ce parti tâche d'augmenter au possible ses forces, il sera à voir quelles en seront les conséquences, et si le roi d'Angleterre saura trouver des moyens pour raccommoder ces brouilleries ou non. Au dernier cas, et si le parti contraire l'emporte sur les ministres, on a tout lieu de présumer que le roi d'Angleterre donnera les mains à la paix, tout comme il continuera la guerre si le ministère emporte la balance. Au surplus, je m'imagine que les dépêches arrivées au sieur Robinson, et les entretiens qu'il a eus immédiatement après avec les ministres, regardent entre autres les opérations de guerre aux Pays-Bas, selon le plan du duc de Cumberland que le roi d'Angleterre tâchera à faire valoir à la cour de Vienne.
Quant aux affaires de l'Orient, je sais de bonne part que les ministres autrichiens n'en sont point du tout embarrassés et qu'ils n'y craignent rien.
Au reste, on vient de me dire qu'il y a de jeunes secrétaires ou commis dans la chancellerie privée à Vienne dont on peut tirer parti moyennant des libéralités qu'on leur fait, et peut-être vous pourrai-je fournir en peu de temps des avertissements de quelle manière vous aurez à vous prendre pour en gagner quelques-uns.
Federic.
Nach dem Concept.
342-2 Dieselbe Weisung erhalten unter dem gleichen Datum Andrié in London und Warendorff in Petersburg.