2612. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 22 avril 1747.
Je suis étonné de voir, par la relation que vous m'avez faite le 4 de ce mois, que vous attribuez encore à un motif de crainte que la Russie ait de ses voisins, les arrangements militaires qu'elle fait actuellement. C'est une illusion toute pure, car, si la Russie avait tant soit peu de l'appréhension de ses voisins, elle se garderait bien à leur faire tant d'algarades, comme vous ne savez que trop qu'elle leur a faites en différentes occasions. Qu'a-t-elle à craindre des Suédois, qui ne souhaitent qu'à vivre en repos et qui n'ignorent pas que, si c'était leur tout de bon qu'ils voulussent entamer la Russie, ils auraient d'abord à dos le Danemark, en conséquence de l'alliance où celui-ci est avec la Russie? Tout comme la Saxe partagerait la querelle de celle-ci, si je voulais tenter d'attaquer la Russie. U y a bien plus d'apparence que les démonstrations militaires de la Russie se font plutôt parcequ'elle est engagée à les faire pour les subsides que le roi d'Angleterre lui donne. Par toutes ces raisons-là, vous ne devez pas vous laisser endormir par de pareils illusions, mais être plutôt bien attentif sur tous les arrangements qu'on fait, et tâcher de votre mieux à en démêler les véritables desseins, pour être à même de m'en instruire exactement — ce que je vous recommande extrêmement dans les conjonctures présentes.
Federic.
Nach dem Concept.