2613. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 22 avril 1747.
J'ai reçu votre dépêche du 10 de ce mois. Vous faites fort bien de vous appliquer de votre mieux pour bien pénétrer s'il y a réellement quelque chipotage sur une paix fourrée, afin de me pouvoir avertir de ce que vous en découvrirez. On vient de me dire que le duc de Richelieu avec le fils du marquis d'Argenson étaient partis pour Turin; vous ne manquerez pas de me mander s'il en est quelque chose ou non, et si les Français cherchent à renouer avec le roi de Sardaigne, qui doit être fort mécontent des mauvais procédés dont les Autrichiens usent envers lui, et qui doit être las de faire la guerre conjointement avec eux.
Pour ce qui regarde les Suédois, je sais qu'ils ne sont pas peu ombragés sur les armements que le Danemark fait depuis peu, et qu'ils<373> craignent que celle-ci ne s'entende sous main là-dessus avec la Russie. Il me semble que, parceque la France paie des subsides à la cour de Danemark, elle serait assez autorisée par là à lui faire là-dessus quelques déhortations convenables, ce que vous devez insinuer habilement aux ministres de France.
Au reste, j'ai appris avec satisfaction que Sa Majesté Très Chrétienne a approuvé l'envoi d'un ministre de ma part à Breda; mais, selon ce que j'apprends, ce congrès doit être actuellement sur le point d'échouer; ainsi j'aurai à attendre encore pour voir le train que ce congrès prendra, et si les conférences deviendront plus sérieuses qu'elles n'ont été jusqu'à ce moment; ce qui ne manquera pas de se faire-, pourvu que les armes de France aient quelque succès d'éclat à l'ouverture de la campagne prochaine, car alors je suis certain que les Puissances maritimes se prêteront avec facilité à la paix.
Federic.
Nach dem Concept.