2634. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 11 mai 1747.

J'ai reçu vos dépêches du 25 du mois dernier d'avril. Il serait à souhaiter que l'Impératrice, tant pour ses propres intérêts que pour la satisfaction de ses amis véritables, pourrait être détrompée par l'ami important des faux-pas que son ministre lui a fait faire depuis quelque temps;386-1 mais j'avoue que je ne présume pas beaucoup de la réussite de son entreprise, puisque son antagoniste a son parti trop lié, et qu'il a<387> gagné trop d'ascendant sur l'esprit de cette Princesse pour que l'ami important ne dût perdre ses peines en voulant dessiller les yeux à sa souveraine. Cependant vous ne laisserez pas de le remercier le plus obligeamment de la bonne disposition où il est à mon égard, et de l'y entretenir. Vous accusez fort juste quand vous dites que le dessein de son antagoniste est de porter l'Impératrice à envoyer cet ami dans quelque cour étrangère, parcequ'il m'est revenu de fort bien lieu que l'ambassadeur autrichien à Pétersbourg s'est vanté auprès de sa cour qu'après qu'il avait réussi à faire éloigner les comtes de Brummer et de Wachtmeister, il espérait de faire autant de ce qu'il restait d'amis de la France et de la Prusse, pour en balayer tout-à-fait la cour de Russie.

Comme le comité secret en Suède vient de se décider positivement sur la conclusion de l'alliance défensive entre moi et la Suède, et qu'on est actuellement après à faire part au Sénat de la résolution prise de procéder à cette alliance et de l'autoriser à la réaliser, ce dont apparemment le sieur Korff aura averti sa cour, je désire fort de savoir, le plus tôt qu'il sera possible, de quel œil la cour de Russie a regardé cette démarche des Suédois, et quel effet cela fera sur elle, si elle en deviendra plus docile, ou si elle en voudra faire la revêche.

Federic.

Nach dem Concept.



386-1 Vergl. S. 325. 349. 358. 369.