2646. AU PRINCE D'ORANGE ET DE NASSAU A LEEUWARDEN.
Potsdam, 17 mai 1747.
Monsieur mon Cousin. Vous pouvez être persuadé de la part que je prends à tout ce qui regarde votre personne, et que j'ai appris avec satisfaction l'unanimité dont les Provinces-Unies vous ont élu leur stathouder. Vous allez maintenant monter sur un théâtre où vous pourrez déployer aux yeux de toute la terre ces vertus que, jusqu'à ce temps, vous ne renfermiez pas tant en vous-même que vos amis ne les connussent. Vous trouvez les affaires de la République dans une situation critique; c'était dans des circonstances semblables où les Romains<395> élisaient des dictateurs et que souvent le mérite d'un seul homme donnait à cet État une face heureuse et nouvelle. Puissiez-vous contribuer à ramener dans votre patrie cette paix dont toute l'Europe a tant besoin, et que toute l'Europe désire en continuant la guerre! Les mains ensanglantées qui cueillissent des lauriers, sont souvent détestées pour le mal involontaire qu'elles font, et par ces veuves et ces orphelins qui redemandent leur père et leurs parents. Il n'y a que les mains pures qui cueillissent l'olive, qui reçoivent des bénédictions d'autant plus sincères qu'elles s'emploient réellement pour le bonheur de l'humanité.
Votre façon de penser m'est trop connue pour que je m'expose à m'égarer dans mes conjectures, et je vous assure que je saisirai avec l'empressement le plus vif les occasions où je pourrai concourir avec vous au rétablissement du repos de l'Europe et à l'affermissement de cette République dont mes ancêtres ne furent pas des alliés inutiles, vous priant d'être persuadé de la parfaite estime et de tous les sentiments avec lesquels je suis à jamais, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bien bon cousin
Federic.
Je vous prie de faire bien des assurances de mon estime à Madame la Princesse.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.