2687. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 30 juin 1747.
J'ai bien reçu vos dépêches du 13 de ce mois. En combinant toutes les circonstances singulières que vous m'y marquez, l'on voit bien que le charme dont le premier ministre tient fascinée sa souveraine, ne sera pas aisé à rompre, à moins qu'il n'arrive quelque événement extraordinaire qu'on ne saurait prévoir; car de compter sur quelque coup de vigueur de notre ami, ce serait se faire illusion toute pure.
Si le traité de subsides entre la Russie et l'Angleterre n'est pas encore signé, il ne tardera guère de l'être bientôt, et je regarderai le premier courrier qui passera de Pétersbourg par mes États vers la Hollande, comme le porteur de ce traité. Je présume qu'en général il n'y aura rien de stipulé qui soit directement contre moi, mais je crains quelque article secret qui pourra regarder la succession en Suède et favoriser les vues que le roi de Grande-Bretagne a pour l'établissement du duc de Cumberland.
Des particuliers ici ont reçu des lettres de Mitau du 16 de ce mois selon lesquelles on a appris en Courlande par des lettres de Pétersbourg que beaucoup de troupes russiennes étaient en marche vers Reval, où elles devraient être embarquées sur des galères, sans qu'on sache leur destination. Quoique ces avis ne viennent pas d'assez bon endroit pour y pouvoir compter tout-à-fait, il sera toujours nécessaire que vous vous informiez exactement sur ce qui en peut être, et, en cas que l'avis fût fondé, vous devez tâcher de bien approfondir la véritable destination de cet embarquement, pour en instruire la cour de Suède en cas que ce fût vers la Finlande ou vers les frontières suédoises qu'on voulût faire ce transport de troupes. Il m'est revenu, au surplus, de fort bon lieu, que le général Pretlack fait actuellement jouer tous les ressorts imaginables pour faire rompre la Russie ouvertement avec la Suède; si le premier ministre peut faire ce qu'il veut, il est assez à présumer qu'il tâchera à jouer quelque mauvais tour aux Suédois, en haine de l'alliance qu'ils ont conclue avec moi.
Je me repose tout-à-fait sur votre dextérité et sur la vigilance que je vous connais, que vous serez bien attentif sur tous ces sujets, pour faire échouer, autant qu'il vous sera possible, les pernicieux complots de mes ennemis et m'en avertir bien exactement.
Federic.
Nach dem Concept.
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