2720. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 25 juillet 1747.

Votre dépêche du 8 de ce mois m'est bien parvenue. J'applaudis parfaitement à tout ce que vous dites au sujet des démarches et des chipotages secrets de l'Angleterre à la cour de Pétersbourg, et des vues de celle de Vienne d'entraîner la Russie par toutes sortes d'artifices, la guerre présente avec la France finie, dans des mesures offensives contre moi. Mais, outre les difficultés que, selon vous, la cour de Vienne trouvera dans l'exécution de son plan, il y a encore à considérer, en premier lieu, que la guerre avec la France n'est pas encore finie, et que, selon la situation des affaires jusqu'au moment présent, il est à conjecturer qu'une pacification générale est encore assez éloignée. En second lieu, il me paraît assez vaisemblable que, nonobstant que l'intrigue de Blackwell soit échouée,443-2 les conférences secrètes du lord Hyndford avec le Chancelier roulent encore sur les moyens de renverser la succession établie en Suède; mais j'ai de la peine à m'imaginer que le roi d'Angleterre dût tant favoriser la cour de Vienne jusqu'à vouloir, même après la paix générale, donner de l'argent à la Russie pour me faire une guerre offensive, et quand ce secours en argent manquera à la Russie, elle ne saura guère entreprendre quelque chose sur moi.

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Quoi qu'il en soit, vous faites toujours fort bien de veiller fort exactement sur toutes les démarches et négociations de la cour de Londres, là où vous êtes, et sur toutes les pratiques et machinations qui se font entre le Grand-Chancelier et entre le ministre autrichien Pretlack, afin d'être à même de m'en instruire précisément. En attendant, il n'y aura que le temps qui pourra faire revenir la cour de Russie des illusions où elle est actuellement; car je ne vois que trop clair que ce serait travailler gratuitement que de vouloir la ramener à moi, aussi longtemps qu'elle restera dans sa situation présente, et pour renverser le Chanceher, il faudra une révolution particulière; car de vouloir l'entreprendre avec lui seul, ce sera peine perdue.

Au surplus, j'ai à vous dire encore que la résolution est prise en Suède de faire relever le comte de Barck par le sieur Wulwfenstjerna, qui est actuellement parti pour prendre la place de l'autre, et qui sera en quatre ou cinq semaines, au plus tard, à Pétersbourg. Et pour que le changement avec le comte Barck n'ait pas l'air de disgrâce, on l'enverra à la cour de Vienne, où cependant il ne fera pas un long séjour. Au reste, vous avez bien fait d'être entré en correspondance avec le sieur de Rohd à Stockholm, pour vous mettre réciproquement au fait des nouvelles relatives à mon service; aussi ai-je ordonné de vous envoyer de Berlin un nouveau chiffre, pour vous en servir à cet usage.

Federic.

Nach dem Concept.



443-2 Vergl. S. 415.