2772. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 25 septembre 1747.
J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 16 de ce mois. Il est certain qu'il y a actuellement quelque chipotage de paix sur le tapis, et je veux bien vous dire en confidence, et pour votre instruction seule, qu'il y a eu des pourparlers de paix à Liége entre le marquis de Puyzieulx et le lord Sandwich, et, quoique l'on ne soit convenu de rien, ces pourparlers pourront néanmoins aboutir à quelque nouveau congrès; et comme Berg-op-Zoom vient de tomber sous lès Français, on estime généralement que cet événement pourrait bien influer sur les Anglais afin qu'ils se déterminent pour la paix.484-1 Au reste, j'applaudis à ce que vous marquez au sujet du roi de Sardaigne. Quant au dessein qu'on me suppose d'une médiation armée, vous pouvez être sûr que j'en suis fort éloigné, et que c'est une chose à laquelle je n'ai pas pensé, ni ne me laisserai entraîner du grand jamais. Tout ce que je puis vous dire à ce sujet, quoique encore pour votre direction seule et sans que vous. en laissiez échapper quelque chose, c'est que le ministre que le prince d'Orange m'a envoyé, le comte Gronsfeld, a fait sousentendre que de la part des Puissances maritimes l'on pourrait bien recourir à ma médiation pour le rétablissement d'une paix stable et solide.
C'est avec une satisfaction entière que j'ai vu d'ailleurs tout ce que vous venez de me mander touchant l'entretien que vous avez eu avec l'Impératrice.484-2 J'en ai été sensiblement touché, et pourvu que les effets<485> justifient les sentiments qu'on vient de vous déclarer, on pourra compter sur mon parfait retour. Je me servirai cependant de cette démarche de l'Impératrice pour parler confidemment, à la première occasion que j'y trouverai convenable, au général Bernes, à qui je dirai mille politesses sur le sujet de sa souveraine, mais à qui je parlerai en même temps des affaires et m'expliquerai assez intelligiblement sur différents sujets. En attendant, vous ferez bien de ne perdre les occasions où vous pourrez parler sans affectation à des gens qui ont la confiance de l'Impératrice, ou dont vous savez qu'ils le lui rapportent, combien je m'étais entretenu avec vous sur son sujet pendant votre séjour à Neisse et combien de choses polies et obligeantes je vous avais dites sur son personnel; vous pourrez relever encore que, quand vous m'aviez présenté son portrait, je vous en avais témoigné beaucoup de satisfaction. Quant à l'Empereur, je vous recommande fort de l'entretenir, par tout ce que vous lui saurez dire de poli et d'obligeant de ma part, dans les sentiments favorables où il est à mon égard. Enfin, vous verrez si de cette façon-là vous trouverez moyen de radoucir la cour où vous êtes sur mon sujet. Sur ce qui regarde la proposition que vous me faites de vouloir bien favoriser les intérêts de cette cour dans des affaires de l'Empire qui ne seront pas diamétralement opposées aux miennes, je pourrais bien m'y résoudre, et je suis prêt par rapport aux quartiers d'hiver qu'elle voudra demander dans l'Empire pour ses troupes aux Pays-Bas, pourvu que vous m'assuriez que la cour de Vienne ne voudra pas regarder ma démarche comme un devoir, mais plutôt comme une complaisance pour elle, et que dans d'autres occasions je pourrai compter sur un retour de complaisance de sa part.
Federic.
Nach dem Concept.
484-1 Podewils hielt die Conjunctur für ungünstig für die Ansprüche Sardiniens.
484-2 Die Stelle in Podewils' Bericht vom 16. September lautet: „M'étant rendu hier (nach der Rückkehr aus Neisse, vergl. S. 468 Anm. 2) à Schönbrunn à l'heure de l'appartement, l'Impératrice-Reine en sortant vint droit à moi et s'informa des nouvelles de Votre Majesté. Je lui dis qu'Elle m'avait expressément chargé de réitérer à Sa Majesté Impériale dans les termes les plus expressifs les assurances de son amitié et du désir où Elle était de lui en donner des marquis réelles. Cette Princesse me répondit que ces assurances lui faisaient d'autant plus de plaisir qu'elles venaient directement de Votre Majesté; qu'elle était fâchée de ne m'avoir pas vu avant mon départ, pour me charger de compliments pour Elle; qu'elle prenait une entière confiance dans Son amitié; que je ne saurais ignorer tous les bruits qui s'étaient répandus encore en dernier lieu et à mon départ, des prétendus desseins de Votre Majesté, mais qu'elle pouvait m'assurer avec vérité qu'elle n'en avait pas été inquiétée un moment; qu'elle avait trop d'estime pour Votre Majesté pour La soupçonner de songer à rompre Ses engagements dans un temps qu'on ne Lui en donnait aucun sujet, sachant d'ailleurs que Votre Majesté faisait tous les ans la revue de Ses troupes; qu'elle n'ignorait pas qu'il y avait des gens qui se plaisaient à fomenter de pareils bruits; qu'elle était persuadée qu'on tâchait de donner également à Votre Majesté des défiances sur son sujet, pour empêcher une parfaite réconciliation entre les deux cours.“ Der Gesandte hat der Kaiserin darauf die Aufrichtigkeit der Gesinnungen des Königs und seinen Wunsch, Beweise seiner Freundschaft zu geben, bezeugt. „Cette Princesse me répondit en souriant que Votre Majesté était assez en état de le faire, si Elle le voulait; mais qu'elle ne saurait me dissimuler que ce qui la touchait le plus et qui lui navrait le cœur, était la conduite que Votre Majesté tenait dans les affaires de l'Empire; que, si Elle ne voulait pas favoriser ses intérêts pour l'amour d'elle, du moins devrait-Elle le faire par amitié pour l'Empereur6#160;: qu'elle pouvait m'assurer que ce Prince aimait Votre Majesté non pas en grand seigneur, mais comme particulier, et qu'il lui en avait parlé encore en dernier lieu à Holitsch dans des termes qui marquaient assez à quel point il Lui était attaché.“