2780. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 29 septembre 1747.

La dépêche que vous m'avez faite du 18 de ce mois, m'est bien parvenue. J'applaudis à la réponse que vous avez faite au marquis de Puyzieulx, lorsqu'il vous a entretenu sur les plaintes que je dois avoir faites contre lui de ce qu'il me soupçonnait de souffler le froid et le chaud. Je me contente des protestations qu'il vous a faites du contraire, mais, malgré tout cela, je sais bien que mes plaintes n'ont pas tout-à-fait été sans fondement.

Au surplus, j'ai été averti qu'en Hollande les Régents aussi bien que le peuple sont généralement dans l'opinion que dans les circonstances critiques où la République se trouve depuis la prise de Berg-op-Zoom, je viendrais à son secours et prendrais part à la guerre présente. Sur quoi je viens d'ordonner à mon ministre à la Haye que, pour que ces gens-là soient désabusés de ces fausses espérances, il doit déclarer également à tous ceux qui le voudront entendre qu'on pourrait compter là-dessus que je ne prendrai aucune part à la guerre présente, et que, quoi qu'il puisse arriver à la République, je ne ferais pas marcher un seul soldat pour cela, n'ayant ni engagements ni alliance avec la République qui me puissent obliger à les assister. Puisque je sais combien mes envieux prennent à tâche d'indisposer la France contre moi à l'occasion de pareils bruits, j'ai cru nécessaire de vous en avertir, afin que vous soyez<491> à même de vous en expliquer aux ministres de France, à qui vous pourrez dire en même temps que je regarderais avec indifférence tout ce que les Français voudront entreprendre contre la Hollande, et que je ne me mêlerais de rien, sinon que je pourrais bien accepter la médiation pour le rétablissement de la paix, en cas que l'on me l'offrît, et cela uniquement puisque je savais qu'il serait agréable à la France que j'acceptasse cette médiation.

Federic.

Nach dem Concept.