2783. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam, 1er octobre 1747.

Pour que vous soyez à même de répondre au marquis de Valory aux propos qu'il vous a faits touchant la prétendue marche des troupes<493> russiennes, je veux bien vous dire que, quant au premier point, vous l'assurererez qu'on instruira incessamment le comte de Finckenstein de m'informer assez à temps, lorsqu'il s'apercevra que cette marche aura effectivement lieu; mais vous ferez réfléchir en même temps au marquis de Valory que les troupes russiennes en Livonie et aux environs entrent actuellement dans les quartiers d'hiver, et que d'ailleurs la saison où nous venons d'entrer ne permettait plus qu'on fît des transports par mer, pendant toute cette année et une bonne partie de la prochaine.

Que, si la marche de ces troupes devait se faire l'année qui vient, il y aurait deux voies par où elles pourraient passer à leur destination, sans qu'elles touchassent aucunement mes États; qu'une de ces voies était par la Pologne, par la Haute-Silésie autrichienne, par l'Autriche, la Bavière et l'Empire. Dans ce cas-là, je ne connais aucun prince de l'Empire qui fût assez puissant pour refuser le passage à 30,000 hommes.

La seconde voie serait par mer à Lübeck. Si l'on choisissait cette route préférablement à l'autre, les troupes russiennes passeraient encore sans toucher mes États, si ce n'est quelque coin de ma province de Clèves; et que dans ce cas-là je ne saurais empêcher qu'ils ne passassent par quelque contrée de Clève.

Ce que je pouvais, en attendant, assurer à lui, marquis de Valory, c'était que je savais de science certaine que jusqu'ici l'Angleterre n'avait point grande envie de mêler les Russes de cette guerre-ci et de se servir de ces troupes pour opérer aux Pays-Bas. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.