2793. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 7 octobre 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche du 25 du septembre passé. Je suis trop persuadé de votre zèle et votre fidélité pour que je ne dusse pas être assuré que vous donnerez toute votre attention à ce qui peut regarder mes intérêts, et surtout pendant un temps des conjonctures épineuses et critiques comme celui-ci. Mais ce qui me frappe le plus et me chagrine en même temps, c'est que les Français, malgré toutes les bonnes raisons qu'on leur a dites du contraire, ne sauraient revenir des idées chimériques dont mes ennemis et envieux les ont imbus,<498> comme si c'était moi qui avait en mains de leur procurer la paix tout comme ils la souhaitent, et qu'ils joignent encore la menace à de pareilles insultes. J'aurais souhaité que vous m'eussiez nommé celui du ministère qui a lâché ces propos indécents dont vous venez de m'avertir, afin que j'aurais pu juger si ça été quelque homme de conséquence ou quelque autre bavard inconsidéré; mais tel qu'il soit, je crois que vous ferez toujours bien de faire insinuer convenablement par vos amis à ces gens-là et de leur faire faire ces réflexions que, quand la France voudrait oublier ses intérêts les plus essentiels jusqu'à vouloir me sacrifier, elle pourrait peut-être se raccommoder avec les Autrichiens, mais que cette démarche ne produirait pas l'effet qu'elle s'en serait promis; qu'elle ne lui ferait pas ravoir le cap Breton ne lui amènerait la paix avec les Puissances maritimes, et qu'elle augmenterait peut-être son embarras par un surcroît d'ennemis qui sauraient plus imposer que les Hollandais. Enfin, vous tâcherez, par toutes sortes de moyens, de faire revenir tout ce qui est de personnes de conséquence, de pareilles illusions aussi frivoles que préjudiciables à leur propre intérêt.

Federic.

Nach dem Concept.