2833. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 11 novembre 1747.
La dépêche que vous m'avez faite le 30 d'octobre passé,521-1 m'a été bien rendue. Je profiterai sûrement des bons avis que vous m'avez donnés par rapport au mémoire que le marquis de Puyzieulx vous a envoyé et que le marquis de Valory m'avait déjà remis. Je ne doute pas que mes ministres du département des affaires étrangères ne vous aient déjà instruit sur tout ce qui s'est passé ici à cet égard, et de la manière dont je me suis expliqué sur cette affaire; mais s'il y a moyen que j'en puisse convenir avec la France, je ne ferai rien là-dessus avec elle avant qu'elle n'ait fait avec moi un traité de commerce par où mes sujets commerçants avec elle soient, du moins, traités aussi favorablement que ceux des Villes Anséatiques.
Les longs et fréquents entretiens du comte de Loss ne doivent pas vous embarrasser; si sa cour le fait travailler encore à séparer celle de France de moi, c'est principalement parcequ'elle souhaite ardemment d'être nommée, aussi, médiatrice de la paix générale. Elle s'en donne<522> tous les mouvements possibles, et, pour en prévenir le public, elle a fait insérer dans les gazettes publiques l'article que vous verrez dans la feuille ci-close.522-1 Cette cour ne vise à présent que de briller encore, malgré l'état tout-à-fait délabré de ses finances. Endettée de toute part et ne sachant où donner de la tête pour payer ses créanciers, elle veut cependant soutenir quelque rang parmi les puissances respectables; c'est pourquoi elle veut faire accroire au public que c'est la France qui recherche sa médiation. Cependant elle est sur le point de se déclarer banqueroute, parcequ'elle se voit hors d'état de payer les billets qu'elle doit sur la caisse de tailles du pays, qui ont été depuis tout temps sa ressource principale. Son embarras là-dessus s'augmente encore plus, puisque la cour d'Hanovre, à qui celle de Saxe est redevable à présent d'un emprunt de deux millions d'écus que celle-là lui a fait il y a trois ou quatre ans, presse celle-ci extrêmement pour en être remboursée, et le sieur Williams, ministre anglais à la cour de Dresde, qui a eu des pleins-pouvoirs tout exprès de la cour d'Hanovre pour insister au remboursement de cette somme, n'a pu réussir, malgré les instances les plus sérieuses qu'il en a faites; aussi le comte de Brühl, à qu'il en a parlé assez vivement, n'a pu lui offrir qu'un présent d'un service de porcelaine pour le radoucir en quelque manière, de façon que la cour de Dresde ne sait presque plus de quel bois faire flèche pour soutenir son crédit envers ses créanciers. Circonstances dont j'ai bien voulu vous informer, pour votre direction seule.
Federic.
Nach dem Concept.
521-1 Vergl. S. 520.
522-1 Liegt nicht vor.