2837. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 18 novembre 1747.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 8 de ce mois. Je sais de bonne part que la cour de Londres est peu édifiée de celle où vous êtes, mais que, malgré toutes ces chipoteries, les Puissances maritimes n'abandonneront pas les intérêts du roi de Sardaigne. D'ailleurs, j'ai eu des avis secrets que la cour de Londres est instruite; qu'indépendamment des chipoteries de la cour de Vienne à Lisbonne, elle en a découvert d'autres encore qu'on baptise du nom de terribles, et qui doivent surpasser de beaucoup celles qu'on a pratiquées à Lisbonne. J'espère d'en être plus éclairci; en attendant, je ne vous dis ceci que pour votre direction seule et pour vous mettre par là sur la voie d'en pénétrer adroitement quelque chose là où vous êtes. Il est indubitable qu'on ne fera que de l'eau claire au congrès d'Aix; la cour de Vienne, trop infatuée qu'elle est de son projet favori de conquérir le Naples, ne veut pas de paix avant qu'elle n'ait mis ce projet en exécution. Il faut cependant qu'il y ait eu quelque chose en Italie à son désavantage qu'elle tâche à cacher soigneusement, et des lettres d'Italie que j'ai vues me font conjecturer comme si le maréchal de Belle-Isle lui avait porté quelque coup sensible. Je serais bien aise si vous en pouvez tirer quelque chose au clair, pour m'en instruire. Au reste, le propos que l'Empereur vous a tenu relativement à l'entretien que j'ai eu avec<525> Bernes,525-1 me paraît étudié et concerté avec l'Impératrice-Reine, qui a voulu éviter par là de vous en parler.

Federic.

Nach dem Concept.



525-1 Vergl. S. 508. Des Gesandten Bericht vom 8. November über die Aeusserungen des Kaisers beginnt: „Hier à l'appartement, l'Empereur me dit qu'il venait de recevoir une lettre du général Bernes par laquelle il lui marquait mille belles choses que Votre Majesté lui avait dites de l'Impératrice-Reine, au point qu'il en était presque jaloux.“