<105>voir elle-même qu'avec le temps elle pourrait bien n'y pas trouver son. compte. Quant à vous, vous donnerez toute votre attention à ces moments critiques, pour pouvoir m'informer le plus exactement du monde de tout ce qui s'y passera.

Nach dem Concept.


3053. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 10 mai 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 23 d'avril dernier. Il se peut très bien que le Chancelier tâche de cacher quelque nouveau mystère d'iniquité par les politesses et les attentions qu'il vient de vous témoigner. Mais j'ai presque envie de croire qu'il pourrait bien avoir de tout autres raisons encore pour se former un nouveau plan de conduite, car le ministre d'Angleterre, le chevalier Legge, qui vient d'arriver ici, s'est ouvert que l'Angleterre, étant rassasiée de la guerre avec la France et pensant pour cela à la finir par une paix prochaine, voulait prendre conseil de moi sur quelques points qui devaient former des articles de cette paix, et qu'après sa conclusion elle s'était proposée d'entrer dans une étroite alliance avec moi.

Il se pourrait ainsi que la cour d'Angleterre en eût averti milord Hyndford pour qu'il préparât et prévînt la cour de Russie là-dessus, et que celui-ci fût entré dans une espèce de maquignonnage avec le Chancelier sur cette matière. Je suis d'autant plus porté à le croire, que le chevalier Legge s'est expliqué envers moi qu'après que l'Angleterre aurait fait son alliance avec moi, elle voulait alors disposer non seulement la Hollande, mais même la Russie, à me garantir ma conquête de la Silésie.

Au reste, l'Angleterre est souverainement mécontente au moment présent des Autrichiens, ayant appris, comme je le sais à n'en pouvoir douter, que la cour de Vienne était entrée en chipotage avec celle de Versailles sur une paix séparée avec cette dernière pour supplanter ainsi les Puissances maritimes, ou bien même pour les forcer à recevoir la loi et à acquiescer à la paix qu'eux, les Autrichiens, auraient faite avec la France. C'est là la raison qui fait agir sans doute les Anglais au possible pour prévenir la cour de Vienne, et il est à présumer par cet endroit que, si les préliminaires de paix n'ont pas été signés encore entre l'Angleterre et la France, ils pourront bien ne pas tarder à l'être bientôt.

Je vous mande tout ceci simplement pour votre direction, et afin que vous vous trouviez plus à même, en y ajoutant une attention bien grande de votre part, pour découvrir toute l'influence que la crise présente des affaires pourra avoir dans la conduite de la cour de Pétersbourg. Vous recevez ci-joint un nouveau chiffre, dont vous ne vous