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Vous, Monsieur le Maréchal, qui savez toujours si à propos attaquer et vous défendre, choisir le genre de guerre le plus favorable aux circonstances où vous vous trouvez, paraissant toujours également habile dans quelque parti que les événements vous obligent de prendre — je crois pouvoir m'en rapporter à vous sur le projet que vous m'avez fait le plaisir de me communiquer, et je suis persuadé même qu'avec une infériorité considérable en nombre de troupes vous auriez soutenu les conquêtes que vous avez faites à la France avec tant de gloire.

Que la paix se fasse ou que la guerre se rallume, que la France maintienne ses conquêtes ou qu'elle les restitue, que les Russes joignent les alliés ou qu'ils retournent aux fanges de Palus-Méotides dont ils sont partis, tout cela peut être égal à votre réputation; c'est une vérité que j'ose vous dire en face, la gloire que vous vous êtes acquise est si solidement établie que dans les fastes des guerriers, malgré la rouille de l'envie et malgré l'oubli des temps, votre nom sera toujours cité parmi ceux des plus grands généraux qui ont réuni dans un plus grand degré de perfection les talents les plus opposés. Vous devez juger si l'espérance que vous me donnez de vous voir, ne me doit point faire tout le plaisir possible, et, si une conversation avec le chevalier de Folard, qui donne de bons préceptes et qui radote, me serait agréable, combien plus le pourrait être la vôtre, en ce que vous avez surpassé par la pratique la théorie de cet ancien militaire.

Je suis avec toute l'estime imaginable, Monsieur le Maréchal, votre affectionné ami

Federic.

Nach dem Concept.


3079. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam, 20 mai 1748.

J'ai reçu, à la suite de votre rapport du 19 de ce mois, la lettre que le prince Guillaume me fait au sujet de l'envoi de son ministre, le baron d'Asseburg, à Berlin, et vous ne laisserez pas de marquer à celui-ci que ce sera toujours avec satisfaction que je le verrai, quand je serai à Berlin. Je vous sais bon gré de ce que vous m'avez prévenu sur le propre sujet de ce message; cependant je ne crois pas que les conjonctures soient assez favorables pour que le Prince puisse arriver au point qu'il vise.1 Je doute que l'Angleterre veuille le favoriser à cet égard. Vous savez la dent que la cour de Vienne lui porte, et le mécontentement de la France depuis que ce Prince est rentré dans ses anciennes liaisons avec les Puissances maritimes; ainsi je ne puis trop bien espérer du succès qu'il aura dans l'affaire en question. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



1 Mardefeld vermuthet in seinem Berichte vom 19. Mai, dass es dem Prinzen Wilhelm um die Erwerbung der Churwürde für Hessen-Cassel zu thun sei.