3137. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 2 juillet 1748.
Mon ministre à Pétersbourg, le comte de Finckenstein, vient de me mander1 que la mort prochaine du roi de Suède dont on était menacé, pourrait bien détourner l'attention de la Russie du reste de l'Europe, pour la fixer sur un objet plus prochain et plus intéressant pour elle, qu'il était persuadé qu'on en sera fort intrigué à la cour de Pétersbourg, et que, le cas existant, on ferait jouer tous les ressorts imaginables pour troubler la Diète qui se tiendra en conséquence; qu'il souhaiterait pour cet effet que cet événement arrivât tout de suite, avant que les troupes russiennes puissent être de retour, que cela diminuerait du moins les démonstrations par lesquelles on voudrait essayer d'intimider les Suédois, car, pour celles que l'on pourrait faire actuellement, il ne croyait pas qu'elles puissent produire cet effet, par les éclaircissements qu'il avait eus sur l'équipement de la flotte, savoir qu'il n'y avait pas grande chose à craindre de ce côté-là, et que les troupes de Livonie et de Finlande ne faisaient pas non plus un objet fort effrayant. Enfin qu'il faudrait que la Russie renonçât à se prêter aux vues de la cour de Vienne, si elle voulait se mêler efficacement des affaires de Suède, et qu'il était plus probable qu'en partageant son attention, et à force de vouloir faire face partout, la Russie échouerait des deux côtés. Comme cet avis me paraît digne d'être su de ma sœur et qu'il mérite son attention, je vous ordonne qu'après avoir déchiffré cette dépêche, vous tâchiez de lui en parler seule et de lui lire alors d'un bout à l'autre le passage ci-dessus mentionné, en lui demandant toujours le secret de la confidence que je lui faisais.
Federic.
Nach dem Concept.
3138. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 2 juillet 1748.
Vos dépêches des 11, 14 et 15 de juin dernier me sont parvenues quasi à la fois, pendant mon voyage de Magdebourg. Pour ce qui est du contenu de la première de ces dépêches, je trouve des plus fondées vos conjectures, sur le chagrin du Chancelier à cause des préliminaires de paix qui ont été signés contre son gré et sans qu'il y ait rien contribué, et que nonobstant de cela il saura se conserver dans son crédit et tâcher de maintenir les liaisons entre la Russie et la cour de Vienne. Mais il n'est point probable, pour cela, que la cour de Pétersbourg dût avoir plus de ménagement que par le passé pour les puissances ses voisines, avant qu'elle ne change de ministère. Les fâcheries qu'il y a eu jusqu'à présent entre les cours de Vienne et de Londres, ne sont
1 Unter dem 14. Juni.