3154. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 16 juillet 1748.
Je suis bien aise de voir que ce que vous mandez du traité de la Russie et des Puissances maritimes, soit tout-à-fait conforme à ce qui m'en est revenu de côté et d'autre. Je ne soupçonne point que ce traité contienne de grands mystères, mais je ne saurais me persuader que l'amitié chaude et excessive qui règne entre la cour de Vienne et de Pétersbourg, ne soit fondée que sur des prédilections mutuelles. Il y a quelques bruits vagues, à la vérité, qui semblent annoncer que leur bonne intelligence se fonde sur je ne sais quel mystère d'iniquité, et ce serait bien la chose qu'il faudrait découvrir, si elle était possible. Les cours de Vienne et de Hanovre veulent se servir, dit-on, des Russes auxiliaires pour intimider et rabaisser les princes de l'Empire; autant que j'en peux juger, il me paraît que les mesures ne sont pas prises dans un temps qui leur est le plus favorable. La cour de Vienne est haute et fière de ce secours, mais comme le ministère anglais-pense tout différemment de celui d'Hanovre, il faudra voir si les idées anglaises prévaudront sur les hanovriennes ou non. Je ne peux rien faire en France pour l'acceptation ou pour le refus du ministre russien au congrès,1 mais selon toutes les apparences ni celui-là ni celui d'aucune autre puissance n'y sera admis. Ce soi-disant affront ne fera aucun tort à Bestushew : il conspirerait contre l'Impératrice, elle le saurait, et le soutiendrait pourtant! Ne vous empressez pas trop avec Hyndford; le duc de Newcastle va arriver à Hanovre le 18, et je ne me déterminerai qu'après avoir vu de quelle nature seront les propositions qu'il me fera faire.
Federic.
Nach dem eigenhändigen Concept.
3155. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 16 juillet 1748.
J'ai bien reçu vos dépêches du 1er et du 5 de ce mois. Sur ce qui regarde la paix, on ne la saurait regarder autrement que faite et conclue; mais comme la cour de Vienne ne discontinue point à briguer à la cour d'Hanovre une ligue à faire entre les cours principales d'Allemagne, se servant de l'expression que le temps était venu où l'Empire devrait pourvoir à la sûreté et à la dignité de son système, et qu'il faudrait augmenter l'autorité et le pouvoir de l'Empereur pour n'avoir plus rien à craindre de la France, je suis très curieux de savoir de vous comment les ministres de France envisagent de pareils propos, dont il n'est point à douter qu'ils ne soient assez informés. Vous observerez avec cela
1 Vergl. S. 169 Anm. 2.