<234> faut attendre et temporiser, car ce serait perdre tout que de risquer mal à propos ses intérêts. Il faut déguiser ses intentions et ne les manifester qu'à bonnes enseignes.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept.


3255. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 20 septembre 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 6 et du 10 de ce mois. Le rapport que vous me faites, dans cette dernière, des fréquentes conférences entre les ministres danois et russien,1 répond parfaitement à la communication que j'ai ordonné à mes ministres du département des affaires étrangères de vous faire des avis que m'a donnés là-dessus mon ministre chargé d'affaires Heusinger à Copenhague;2 je m'y réfère. Le parti qu'on prend en Suède de vouloir continuer à faire une bonne et ferme contenance, en témoignant en même temps beaucoup de modération, est des plus sages; la Suède ne saurait toutefois se flatter absolument que tout ce qui se traite actuellement entre la Russie et le Danemark, n'aurait pour but que de pures et simples démonstrations. Je ne saurais nier que j'envisage, moi, ces affaires comme plus sérieuses, et que je souhaiterais qu'on ne les traitât pas ainsi à la légère en Suède. Il faudrait réfléchir non simplement sur la Russie, mais aussi en même temps sur le Danemark, et penser qu'en cas de guerre la Suède se trouverait au beau milieu entre ces deux puissances, et serait obligée ainsi de se défendre des deux côtés à la fois. Si j'avais à conseiller à la Suède, j'aviserais constamment que tout ce qu'on pourrait y faire du mieux dans les conjonctures présentes, serait d'assurer simplement la succession comme elle y est établie, sans rien changer à la forme du gouvernement, le temps d'aujourd'hui n'y étant point propre



1 Wind und Panin.

2 In Heusinger's Bericht vom 7. Sept., dessen Inhalt das Ministerium schon am 14. September aus eigner Initiative an Rohd, sowie an Finckenstein in Petersburg, mittheilt, heisst es: „Le baron de Korff, ministre de Russie, n'a pas manqué de se rendre chez M. de Schulin, chaque fois qu'il est venu en ville, et j'ai remarqué encore qu'il entretient une correspondance intime avec le général Grimer, l'un des anciens boute-feux des derniers troubles en Suède, et qui présentement est commandant de la forteresse de Kronenbourg. Ceci, joint aux intrigues secrètes qu'on prétend qu'elles se font en Suède, et à la heine manifeste du Danemark et du ministère de Russie contre le prince royal de Suède, donne lieu à croire qu'on ne se trompe guère en supposant que le principal objet du concert pris entre ces deux puissances sera de bouleverser, dans l'occasion, l'ordre de succession établi en Suède, et il y a apparence qu'au cas qu'un si vaste projet ne réussît pas, on employera tout pour conserver la forme présente du gouvernement de ce pays, à quoi les deux cours ont toujours porté une attention marquée. On peut ajouter aux deux objets un troisième, qui est particulier au Danemark, savoir d'obtenir, dans les troubles, du Prince-Successeur une cession et renonciation de ses droits, sur ses pays héréditaires.“