<28> tout cela, vous ne manquerez pas de prendre connaissance du nom de ce bâtiment et de celui qui l'a commandé, afin que je le puisse faire faire responsable de ce qu'il a abusé de mon pavillon. Au surplus, tout ce que le marquis de Puyzieulx vous a dit à ce sujet, m'a fait bien du plaisir, et je fais faire actuellement des déclarations des plus vives en Angleterre à ce que ses armateurs et corsaires soient obligés à respecter mon pavillon sur les vaisseaux de mes sujets, qu'on n'a pas laissé de molester beaucoup et dont on a même amené quelques-uns en Angleterre.
Quant aux insinuations que le marquis de Puyzieulx vous a faites d'ailleurs sur l'attention qu'on voudrait que j'eusse à ce que la cour de Vienne n'entraînât pas l'Empire dans la guerre, je dois vous dire que tout ce que je pourrais faire à ce sujet, c'est que, si la Saxe, le Palatin, avec la Cologne et le duc de Wurtemberg sont bien dans les intérêts de la France, je pourrais empêcher à la Diète de l'Empire que celuici ne déclarât la guerre à la France ou qu'il prît ouvertement parti contre elle, mais qu'il m'était d'ailleurs presque impossible d'empêcher que quelques États de l'Empire, tout dévoués à la cour de Vienne, ne lui fournissaient des troupes, puisque les Puissances maritimes et surtout l'Angleterre ne donnaient pas de l'argent, mais le jetaient à pleines mains des fenêtres à ce sujet.
Au surplus, mes avis sont que les troupes russiennes se doivent être mises en marche le 1er de ce mois. Au reste, je veux bien que vous vous intéressiez pour le chevalier de Folard, à ce qu'il ait la permission de venir me voir, étant purement par un motif de curiosité que je l'en avais fait prier. Vous en parlerez au maréchal de Saxe, qui est de ses amis et qui ne laissera pas de vous servir à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
2928. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE K.LINGGRÆFFEN A DRESDE.
Potsdam, 8 février 1748.
J'ai reçu votre dépêche du 2 de ce mois. Vous faites fort bien en tâchant de trouver un moment de confiance dans le baron de Wedell, pour pouvoir lui tirer les vers du nez. Mon intention est que vous fassiez des insinuations à l'ambassadeur de France à Dresde, touchant la conduite de la cour où vous êtes à l'occasion du passage des 30,000 Russes par la Pologne. Vous lui direz qu'il pouvait voir par cet endroit à quel point la cour de Saxe était double et comment elle tâchait de duper sans distinction tous ceux à qui elle avait à faire, de sorte qu'on ne pouvait non seulement pas compter sur elle, mais qu'il fallait même se donner des gardes pour ne pas se fier aux bonnes paroles qu'elle faisait donner de temps à autre, parcequ'elles ne lui coûtaient absolument rien, pour voiler ses mystères d'iniquité.