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3356. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 26 novembre 1748.

J'accuse la dépêche que vous m'avez faite le 15 de ce mois. Comme je vous ai déjà fait communiquer la confidence secrète que le comte de Tessin a faite à mon ministre en Suède, touchant le plan qui selon lui, comte Tessin, doit être concerté entre les cours de Vienne et de Pétersbourg contre moi et en vue de tenir en même temps la Suède en échec, il faut que je vous dise que mes lettres de Stockholm continuent à me dire que la chose paraissait se confirmer de plus en plus et que ledit comte croyait que le baron de Scheffer aurait déjà communiqué à vous quelques pièces qui se rapportaient à ce sujet. L'on ajoute que, selon un avis qu'on aurait eu en Suède, le roi d'Angleterre n'entrait pas dans ledit plan et que le duc de Bedford s'en était expliqué envers quelqu'un d'une manière qui devait faire croire qu'il n'était pas du goût de son maître. Puisque dans toutes les dépêches que vous m'avez faites à présent, vous n'avez pas touché un mot de ces découvertes du baron de Scheffer, j'en attends encore votre rapport avec impatience, principalement pour voir sur quels fondements ces découvertes-là sont bâties; car je veux bien vous dire naturellement que jusqu'au moment présent je les crois encore un peu apocryphes, connaissant le comte Tessin pour un homme qui prend quelque fois légèrement ombrage et qui d'ailleurs voudrait bien me mêler dans toutes les affaires de la Suède. Néanmoins l'avis que mon ministre à Hanovre m'a donné et que je vous ai déjà fait communiquer,1 touchant les forts soupçons qu'il avait qu'il se traitait quelque chose avec le ministre saxon, la cour d'Hanovre et celles de Vienne et de Pétersbourg, et une lettre que j'ai reçue dernièrement de Londres, selon laquelle le public y doit commencer à faire attention aux affaires du Nord, quoique les membres du gouvernement doivent les regarder jusqu'à présent avec assez d'indifférence, en disant qu'en cas qu'il se manifestât quelque brouillerie du côté du Nord, la nation ne s'en mêlerait ni directement ni indirectement, vu les frais immenses que la dernière guerre lui avait coûté et dont elle se ressentait trop — tous ces avis, dis-je, pris ensemble, font que je vous recommande d'être bien attentif et de n'épargner ni peine ni souci pour approfondir sous main ce qu'on en peut savoir là où vous êtes, et de quelle façon on pense là-dessus. Je ne suis point en doute sur les mauvaises intentions des cours de Vienne et de Pétersbourg, auxquelles je pourrais bien joindre celles d'Hanovre et de Dresde; mais je crois encore que, malgré toute leur mauvaise volonté, les mains leur sont en quelque façon liées par la paix générale et par la situation où elles se trouvent actuellement. Ce qui cependant ne doit point vous empêcher d'avoir toute l'attention possible sur ce sujet et de me mander jusqu'aux moindres circonstances que vous en pourrez découvrir.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 293 Anm. 1.