<320> quelle manière le comte Brühl se tirera encore de l'embarras où il est par rapport au fort mauvais état où il a mis les finances de Saxe; je présume qu'il en rejettera toute la faute sur le comte Hennicke et qu'il le culbutera à son retour à Dresde.1 Au surplus, je veux bien vous instruire d'une particularité qu'on vient de me mander en confidence tant de „Vienne que de France, savoir que les cours de Vienne et de Pétersbourg étaient convenues secrètement de faire tomber sur la tête du prince Charles de Lorraine la couronne de Pologne, après la mort de Sa Majesté Polonaise; l'on veut même que la maison de Czartoryski doit être entrée en ce projet. Quoique je tienne ces avis sujets à caution, vous devez cependant y avoir quelque attention et tâcher de votre mieux de vous procurer toutes lumières que vous sauriez avoir là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
3392. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 24 décembre 1748.
Quoique j'aie appris avec plaisir par votre dernière dépêche, du 10 de ce mois, qu'on commençait à revenir en Suède des impressions singulières qu'on s'y était faites, et qu'on y était résolu de nouveau de faire une sage et prudente contenance, je ne saurais cependant d'un autre côté m'empêcher de vous témoigner le peu de satisfaction que j'ai rencontré à la lecture de vos précédents rapports, et principalement de ceux du 29 du mois de novembre dernier et du 3 de ce mois. L'idée de faire présenter à la cour de Danemark le mémoire en question,2 et la confidence qu'a faite le comte Tessin de ce mémoire au ministre de Russie, de Panin, ont été des choses fort mal digérées pour l'intérêt de la Suède, et la conduite qu'on vient d'y tenir, en donnant ainsi à connaître à chacun le défaut de la cuirasse, — ce que cependant on avait plutôt dû cacher fort soigneusement — est tellement extravagante que j'en suis quasi alarmé pour me mêler davantage de ce qui concerne les affaires de cette couronne.
Je ne suis point à même de pouvoir juger de ce qui s'est fait à l'égard du colonel Adlerstråle, n'étant point moi-même sur les lieux; il me semble toutefois qu'il n'en est pas le temps présentement de s'échauffer de procès sur de vieilles affaires, mais plutôt de tâcher de gagner et d'unir ensemble les États et les familles, de Suède. Aussi en en parlerez-vous confidemment de ma part au sieur de Rudenschöld et lui direz que, comme il était mon ami et que je le connaissais pour la meilleure tête de Suède, je n'avais pu me dispenser de lui communiquer confidemment et cordialement mes pensées que dessus, lesquelles n'avaient simplement pour objet que le véritable bien et intérêt de la Suède.
1 Vergl. S. 250.
2 Vergl. S. 311.