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2963. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Finckenstein berichtet, Petersburg 13. Februar: „Le Chancelier, que j'avais inutilement cherché depuis quelque jours pour lui remettre les lettres de notification au sujet de la naissance du jeune prince de Prusse,1 me fit prier samedi passé 2 de me rendre chez lui pour cet effet, et je remarquai qu'il n'aurait pas été fâché que je lui fournisse l'occasion de me parler sur certaines matières. Il commença d'abord par me dire qu'il avait été arrêté toute la matinée par un aide de camp du maréchal Lacy qui lui avait rendu compte d'une commission dont il avait été chargé en Pologne. Il espérait sans doute que je prendrais occasion de là de lui faire quelque question sur la marche des troupes, mais je ne crus pas devoir lui accorder cette satisfaction, d'autant plus qu'il aurait peut-être voulu se servir d'une occasion pareille pour me faire quelques confidences superficielles qu'il aurait peut-être fait passer pour cette communication qu'on est convenu de faire à Votre Majesté... Je m'aperçus également qu'il voulait me tâter sur les affaires de Suède; mais comme j'avais encore moins de raison de m'engager dans cette dernière conversation que dans l'autre, je pris le parti de ne paraître ni instruit de ce dont il parlait, ni curieux de l'apprendre.“

Potsdam, 2 mars 1748.

Vous avez très bien fait de vous tenir clos et boutonné sur ces matières sur lesquelles le Chancelier, selon que vous me le marquez par votre dépêche du 13 du mois passé, aurait été, à ce qui paraît, bien aise de vous faire parler, et j'approuve d'autant plus la conduite que vous avez tenue à cette occasion que j'y reconnais votre prudence et bon discernement.

Je ne puis concevoir et je m'étonne grandement des procédés impertinents et tout-à-fait rustiques que le Chancelier tient avec les Suédois pendant un temps où, selon toute intelligence humaine, par l'absence des troupes russiennes hors du pays, il en devrait agir avec eux d'une manière cordiale et amicale et laisser là, à leur égard, toute hauteur et maximes altières. Je n'en saurais conclure autre chose si ce n'est que la cour de Pétersbourg est entrée dans un certain concert avec celle de Danemark, et cela même me fait pencher à conseiller à la Suède de temporiser, de se modérer et d'éviter toutes les occasions à chicanes, pour ne point être embarquée dans des embarras inattendus et qui d'ailleurs ne pourraient pas convenir à l'état présent de ses affaires. Voilà, au moins, comment j'envisage les choses, et je crois ne point me tromper en cela dans mon calcul.

Federic.

Nach dem Concept.


2964. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE A VIENNE.

Potsdam, 2 mars 1748.

Je vous dirai, en réponse à vos dépêches du 21 du mois passé, que je suis persuadé que les grands coups se frapperont pendant la



1 Prinz Friedrich Heinrich Karl, geb. 30. December 1747.

2 8. Februar.