que la cour de Vienne était peut-être celle de toutes les puissances qui ont désiré d'allumer la guerre dans le Nord, qui s'y porterait avec le plus de facilité à parvenir à ce but, parcequ'elle se flattait que le dénouement en serait heureux pour elle, dès que ses alliés seraient une fois en train pour la seconder; que peut-être l'Angleterre ne serait pas fâchée de voir la guerre dans le Nord, pourvu qu'elle ne s'étendît pas plus loin; mais que lui, Puyzieulx, avait dit clairement à Londres que cela ne pourrait pas être, que si la guerre commençait dans le Nord, elle se ferait dans les Pays-Bas autrichiens peu de temps après … Puyzieulx m'ajouta que l'Angleterre avait décliné l'expédient qu'il lui avait proposé, il y a quelque temps,1 savoir que la France et l'Angleterre donnassent chacune une déclaration par laquelle elles s'engageassent de retenir leurs alliés de toute hostilité, et qu'elles feraient cause commune contre celui qui voudrait faire la guerre.“ | prennent positivement que, malgré les sentiments pacifiques dont on fait tant de parade et à Londres et à Vienne, les affaires du Nord devenaient plus sérieuses tous les jours en Angleterre, où l'on tâchait de cacher l'exécution du premier plan; que les mouvements que le ministre de Russie à Londres, le comte Tschemyschew, se donnait à présent étaient extraordinaires; qu'on y parlait de nouveau de l'augmentation d'un nombre de matelots dont on n'avait plus parlé depuis le mois de février; que le duc de Newcastle à trouvé moyen de se lier plus que jamais avec le duc de Bedford, et qu'un de ces secrétaires d'État a dit dans la maison du ministre hanovrien Münchhausen que la réponse de la Russie serait satisfaisante, mais que, comme on ne pourrait faire fond sur les déclarations de la Suède et de ses alliés par rapport au changement du gouvernement et qu'il était à craindre qu'on ne cherchât qu'à leurrer la Russie et ses alliés jusqu'au moment qu'on jugerait favorable à ce grand événement, le roi d'Angleterre et son ministère croyaient être de la bonne politique d'être dans une bonne posture pour être prêts à les soutenir. Je crois que, quand tous ces avis seront parvenus au marquis de Puyzieulx, il sera convaincu de la pureté de mes intentions envers la France, et que les avis que je lui ai fait donner n'ont point du tout été sans fondement. De plus, il faut que vous sachiez que c'est à Dresde le même train comme à Londres, puisque là les ministres des deux cours impériales se donnent tous les mouvements possibles et qu'ils meuvent force d'intrigues pour attirer la cour de Dresde dans leurs vues et pour la faire accéder au traité dont ces deux cours sont convenues; qu'ils ont continuellement de secrètes conférences avec le comte de Brühl, dont on cache soigneusement le sujet devant l'ambassadeur de France. Ainsi, en combinant toutes ces circonstances-là, il paraît assez clair que les deux cours impériales n'ont point encore renoncé à leurs vastes desseins, et que, si elles ont été obligées d'en remettre la partie, les collusions et les artifices vont toujours leur grand train. Je sais, de plus, qu'on cherche à Vienne d'endormir au possible la France par de belles paroles et par des distinctions affectées qu'on fait là au ministre de France, mais vous ne savez que |
1 Vergl. S. 494.