<55> pied, quoique adroitement, à vos amis et même ajouter que je serais chagrin que le général Bernes fût rappelé de ma cour, parceque vous saviez que sa personne me revenait et que je me faisais un plaisir de le voir.
Federic.
Nach dem Concept.
2974. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 12 mars 1748.
J'ai reçu les dépêches que vous m'avez faites du 24 de février passé. Je ne vois absolument pas quel fruit m'en pourrait revenir si je congédiais dès ce jour d'hui même quelques-uns des vieux Russes qui servent dans mon armée.1 Supposons pour un moment que je puisse parvenir par là à m'acquérir. l'amitié personnelle de l'Impératrice, à quoi me servirait-elle? Elle ne me conduirait sûrement à rien de réel avec cette bonne Princesse, qui, fascinée qu'elle est de son Chancelier, lui croirait même de grand cœur s'il allait lui dire — ce qu'il ne manquerait pas de faire — que, grâce à ses ostentations, la peur m'avait fait faire telle démarche. Vous insinuerez donc fort poliment là-dessus à l'ami important que je n'avais offensé en rien l'Impératrice ni n'avais mis dans son chemin aucune pierre d'achoppement; que plutôt j'avais tâché d'avoir son amitié, et que pour cela j'avais fait le possible pour la prévenir sur tout ce que j'avais cru devoir lui faire du plaisir et tendre à sa satisfaction; qu'en retour de tant de bonne volonté on m'avait donné plusieurs déboires de son côté; qu'ainsi je ne pensais pas devoir toujours continuer à être le premier en avances pour fournir matière à son contentement; qu'à la vérité, j'étais bien éloigné de l'offenser en quoi que ce fût, mais qu'aussi on ne pouvait bonnement exiger de moi d'autres complaisances, pendant que celles dont je m'étais piqué jusqu'ici à son égard, avaient été reçues d'une manière aussi froide; que, tant que les mauvaises intentions du Chancelier envers moi n'étaient point susceptibles de réforme, toutes mes politesses ne seraient qu'à pure perte et ne serviraient de rien qu'à lui donner occasion pour trouver de nouveaux prétextes de me demander diverses choses à ma charge. Voilà ce que vous direz avec grande politesse à l'ami important.
En outre, je veux bien que vous sachiez, quoiqu'en confidence et pour vous seul, que je ne saurais me figurer le grand besoin que nous pouvons avoir de la Russie; je ne connais non plus les avantages insignes qui sont revenus jusqu'au moment présent à ma maison par la Russie. Croyez-moi, tout bien compté, nous n'avons pas besoin de l'empire moscovite et nous pouvons très bien vivre sans ce dernier.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. Bd. V, 525. 526.