<551> entretenir une défiance continuelle entre la France et l'Impératrice-Reine, et quoique le sieur Blondel convînt que la cour de Vienne avait eu des desseins dangereux, que néanmoins les discours mentionnés, avec d'autres illusions que la cour de Vienne s'efforce à lui faire, n'avaient pas laissé de l'ébranler d'autant plus qu'il se berçait de l'idée qu'il saurait être l'instrument pour rétablir une parfaite confiance entre la France et la cour de Vienne et même de rapprocher celle-là avec la Russie, et que de la part de la cour de Vienne l'on avait tout le soin de l'entretenir dans cette erreur. Ce que je ne vous communique cependant qu'absolument pour votre direction seule et pour vous faire voir combien la cour de Vienne a pris à tâche présentement de détacher, s'il est possible, la France de moi et d'endormir celle-ci sur ses vrais desseins.
Federic.
Nach dem Concept.
3690. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 7 juin 1749.
J'ai reçu votre dépêche du 28 de mai dernier. Les avis que je reçois du Nord, continuent également, tous à me confirmer que, selon toutes les apparences, l'orage qui semblait s'y être formé se dissiperait encore pour cette année-ci. Il faut que le sieur Blondel soit un homme bien faible, pour se laisser tourner aussi facilement de tant et tant de manières. Je suis bien aise toutefois qu'il ait écrit à sa cour que, selon lui, le conseil que les comtes d'Ulfeld et de Kaunitz lui ont donné de faire la première visite au ministre russien, le comte de Bestushew, était bon et raisonnable, puisque sa cour se pourra convaincre par là à quel point il est préoccupé, de même que de la facilité qu'il y a de lui faire prendre telles impressions qu'on veut, et qu'elle ne laissera pas à coup sûr de lui en faire une verte mercuriale.
Vous observerez d'être fort attentif à me mander ce qui vous parviendra d'avis relativement aux dispositions des Turcs, d'autant plus qu'il me paraît assez que les Turcs sont à l'égard de l'Autriche ce que les Russes sont au mien. Quant aux généraux qui ont été sur le tapis là où vous êtes, pour en envoyer un d'entre eux à ma cour,1 je sais présentement que le général Porporati s'en est aussi excusé, de manière qu'il faudra que la cour de Vienne pense à quelqu'autre sujet pour s'en servir à faire relever ici le comte de Chotek de son poste.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 528.