<555> l'état -où elles se trouvent présentement, et que l'orage qui avait d'abord paru menacer la tranquillité du Nord, a su être détourné pour cette fois-ci. Je présume que l'Angleterre, de son côté, laissera tomber toutes les matières qui pourraient la troubler, et qu'elle fera son possible pour apaiser les esprits, en tâchant de faire accroire au public qu'il n'y a point eu de concerts sur le tapis. Elle dirigera sans doute, avec cela, ses vues à endormir la couronne de France jusqu'au moment qu'elle pourra juger favorable à l'exécution soudaine des concerts prémédités, avant que la France puisse rouvrir les yeux du sommeil qu'on se peinera à lui faire prendre.

Quant aux nouvelles de Russie, elles paraissent indiquer que les affaires s'y tournent de façon à pouvoir en espérer que leur assiette y resterait tranquille.

Federic.

Nach dem Concept.


3696. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 10 juin 1749.

Vous rencontrez fort bien quand vous dites, dans la dépêche du 30 du mois passé de mai, que le marquis de Puyzieulx devrait avoir senti, par le silence affecté que les ministres d'Angleterre tiennent envers le sieur Durand par rapport au contenu de la dernière réponse de la cour de Russie relativement à sa disposition sur les affaires du Nord, que cette conduite dénote clairement que la réponse en question est de nature qu'on ne sait pas comment la communiquer à la France sans lui laisser entrevoir tout le mystère d'iniquité qui a été sur le tapis et qu'on voudrait bien cacher et en faire accroire à tout le monde qu'il n'avait jamais subsisté, après que les déclarations vigoureuses de la France en ont rompu les mesures; et j'aurais bien souhaité que les circonstances vous eussent permis que vous eussiez pu faire entrevoir au marquis de Puyzieulx ces bonnes et sages réflexions que vous m'avez faites à ce sujet. Et quoique j'espère que ce ministre verra encore plus clair dans tout ce manége des cours de Vienne, de Russie et de Londres, je voudrais cependant, si vous le trouvez faisable, que vous fassiez remarquer, à quelque occasion convenable et avec toute la délicatesse possible, à M. de Puyzieulx que le système présent des cours mentionnées n'était autre qu'après avoir manqué, de grande partie, leur dessein pour s'être démasquées trop tôt, elles voudront faire leur possible pour rassurer la France et pour l'endormir au point qu'avant qu'elle s'en [puisse] apercevoir et se reconnaître, le grand coup puisse être frappé. C'est au moins le plan que la cour de Vienne poursuit, qui est fort analogue à la manoeuvre de celle de Londres, et dont ces deux cours se concerteront avec celle de Russie. Je dois vous dire encore, quoique cela pour votre direction seule, que, comme les deux cours sont extrêmement