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3701. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 14 juin 1749.

Ce que vous me marquez par la dernière dépêche que vous m'avez faite de la faiblesse extrême du sieur Blondel et de la façon dont il se laisse conduire par la cour où vous êtes, surpasse tout ce que je m'étais imaginé de lui, et comme je prévois les suites dangereuses qui en pourront résulter tant aux intérêts de la France qu'aux miens, en cas qu'il persiste dans ces préventions, il n'y a autre chose à faire sinon ou de tâcher de le redresser encore, ou de lui faire faire tant de fautes lourdes qu'il faille absolument que sa cour s'aperçoive de ses bêtises, et il n'y a point de milieu à garder en cela. Comme je vous ai fait amplement instruire par la dépêche du département des affaires étrangères qui vous viendra à la suite de celle-ci sur différents avis intéressants qui me sont revenus, je m'y réfère et n'ai qu'à vous dire encore qu'on a voulu me marquer que le comte de Pretlack devait avoir le dessein d'entrer au service de la Russie en qualité de feld-maréchal, la proposition lui ayant été faite de la part de la cour de Russie. Comme je suis curieux de savoir si cet avis-là est fondé ou non, vous ne laisserez pas de vous orienter là-dessus et de me mander ce que vous en aurez pu découvrir.

Federic.

Nach dem Concept.


3702. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Goltz berichtet, Moskau 22. Mai: „Quelques efforts que le premier ministre fasse pour porter la haine et la défiance de l'Impératrice pour la Suède à son dernier période, j'ai tout lieu de croire qu'il ne réussira jamais à l'entraîner dans des mesures offensives. Ce qui m'est revenu dernièrement d'un discours que cette Princesse doit avoir tenu dans une conversation avec quelques-uns de ses favoris, en fait preuve : car en parlant des bruits' qui couraient d'une guerre prochaine dans le Nord, elle doit avoir dit qu'ayant eu de tout temps de l'horreur pour la guerre, elle était fermement résolue de maintenir la tranquillité et de ne pas troubler qui que ce soit de ses voisins, mais que, si contre toute attente elle venait à être attaquée et qu'elle fût ainsi forcée de renoncer à ses sentiments pacifiques, elle n'épargnerait alors rien pour témoigner à ses ennemis tout le poids de son ressentiment.“

Potsdam, 14 juin 1749.

Quand même l'Impératrice dût avoir tenu ces propos qu'on lui attribue et dont vous me rendez compte par votre relation ordinaire du 22 du mois dernier de mai, je dois vous faire remarquer que les vues de la souveraine de Russie et de son Chancelier sont le plus souvent bien différentes, mais que, nonobstant de cela, il faut bien que la première se range, à la fin, à celles de celui-ci, après le grand ascendant qu'il a pris sur cette Princesse et qu'il la fait mener pas à pas et d'une démarche à l'autre là où il veut, ainsi qu'elle ne saura jamais dire efficacement ce qu'elle veut ou ne veut pas.