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2990. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 26 mars 1748.

Les idées que vous me marquez, par votre dépêche du 9 de ce mois, avoir conçues sur les Turcs, pour que la France tâchât à les disposer de faire quelque ostentation guerrière pour donner à penser à la Russie, sont très bonnes en elles-mêmes. Si toutefois vous connaissiez mieux le génie français et saviez les difficultés qu'ils font avant que d'entrer en pareilles négociations, et les lenteurs auxquelles ils sont sujets en ces sortes de cas, vous jugeriez vous-même qu'ils n'y sont pas propres du tout, et que par conséquent ils ne prendraient pas grand part à semblable négociation. L'article seul des sommes qu'il faut employer pour réussir à Constantinople, est, outre cela, plus que suffisant pour empêcher dans les esprits de ces mêmes Français l'exécution de vos idées.

Quant aux notions, que vous me marquez avoir sur les troupes russiennes, elles sont parfaitement confirmées par ce que m'en a déjà dit le feld-maréchal de Keith, et je suis bien aise de voir par là que vous êtes assez bien informé de l'état militaire de la cour où vous êtes.

Federic.

Nach dem Concept.


2991. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 26 mars 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 16 de ce mois. Je le regarde au fond comme tout un, quel ministre la cour de Vienne voudra choisir pour faire relever le comte de Bernes à ma cour, puisque, par le cours présent des affaires, même celui qui d'ailleurs peut avoir quelque mérite et serait le meilleur d'entre les mauvais, mais imbu, avec cela, des sentiments et principes autrichiens, ne peut point être propre ni assez bien intentionné pour concilier et cimenter une bonne harmonie entre les deux cours, mais machinera plutôt sans cesse, quand bien à tort et à travers, pour me susciter, s'il était possible, du chagrin et des embarras infinis.

Je vais ici jusqu'à vous dire — quoique dans la dernière confidence et sous peine inévitable de ma plus grande indignation de n'en parler, écrire ou donner à entendre et signifier de quelque façon que ce puisse être à âme qui vive — que ce soi-disant ministre d'un caractère si bon, si doux et insinuant, le comte Bernes enfin, est le même qui a inspiré et poussé notre Walrave à des complots les plus infâmes.

Jugez et apprenez à déterminer, par cette confidence que je vous fais, de quel aloi peuvent être des ministres bien intentionnés de cette espèce!