2961. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 27 février 1748.

Comme j'ai vu par la dépêche que vous m'avez faite immédiatement en date du 16 de ce mois, qu'il paraît à M. de Puyzieulx difficile à croire tout ce que je lui ai fait confier par vous à l'égard de la nouvelle convention secrète que l'Angleterre a conclue avec la cour de Pétersbourg,45-1 vous lui direz, dès que vous aurez l'occasion de lui en parler encore confidemment, qu'il pourrait compter que les avis que j'avais eus à cet égard étaient fondés et très réels; que, malgré les précautions dont on avait usé à Pétersbourg pour dérober la connaissance de la signature de cette convention, j'étais cependant bien informé de tout le détail, jusque là que j'en avais pu marquer à M. de Puyzieulx le jour et l'heure où ladite convention avait été signée. Qu'il ne saurait ignorer, et que même toutes les gazettes imprimées le marquaient, qu'il y avait une convention faite entre l'Angleterre et la cour de Pétersbourg45-2 selon laquelle celle-ci devait, outre le corps de troupes auxiliaires qu'elle donnait actuellement aux Puissances maritimes, tenir prêt un autre corps<46> de troupes sur les confins de la Livonie et de la Courlande pour en faire ostentation, mais que la plupart des gens ignoraient jusqu'ici qu'il y avait d'ailleurs une convention fort secrète faite et signée le 2246-1 du décembre dernier dans le logis du ministre autrichien Pretlack, moyennant laquelle la cour de Pétersbourg s'oblige de tomber sur le corps avec ces troupes à celui qui, pendant que la guerre présente avec la France continuerait, voudrait envahir le pays d'Hanovre, les provinces héréditaires en Allemagne de la reine de Hongrie et le pays saxon. Et c'est de cette convention secrète, qui est très réelle et constatée, que j'ai voulu faire avertir dans la dernière confidence le marquis de Puyzieulx, et si le chargé de France à Pétersbourg n'en a rien découvert ni mandé quelque chose à sa cour, ce n'est pas ma faute. Au surplus, si j'avais agi l'année dernière selon les idées de M. de Puyzieulx concernant les déclarations que j'aurais dû faire après la bataille de Lawfeld d'une manière à en imposer à toutes les parties belligérantes,46-2 j'aurais apparemment essuyé le même sort que j'ai éprouvé dans le cours de l'année 1745, où la France me planta là et m'abandonna à mes propres lumières,46-3 lorsque je fus assailli des plus grandes forces de la reine de Hongrie et de ses alliés qui pensaient m'abîmer.

Au reste, vous n'adresserez encore la réponse que vous me ferez à celle-ci qu'immédiatement à moi seul, sans en envoyer un double.

Federic.

Nach dem Concept.



45-1 Vergl. S. 14. 15.

45-2 Vergl. Bd. V, 528 Anm. 2.

46-1 Sic. Die Unterzeichnung erfolgte, wie oben S. 15 richtig angegeben ist, am 20. December.

46-2 Vergl. Bd. V, 465. 474. 526.

46-3 Vergl. Bd. IV, 389 Anm. 3.