2979. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 19 mars 1748.
Votre longue apologie en chiffres du 9 de ce mois ne m'a point du tout été agréable, car j'aime à voir qu'on ne se serve du chiffre que pour me mander des choses intéressantes. Je suis entièrement persuadé de. votre zèle et de vos intentions légitimes pour mon service; aussi ne vous ai-je rien reproché qui dût vous faire de la peine, mais je vous ai écrit mes pensées selon qu'elles m'étaient venues par les avis que j'avais reçus alors, qui néanmoins peuvent se changer par la suite; il n'en serait pas moins avéré pour cela que la cour de Vienne ne saurait point disposer des troupes auxiliaires russiennes, mais que les Puissances maritimes et principalement l'Angleterre dirigeront leurs opérations.
Vous approfondirez au possible si la cour de Vienne s'ombrage de la mission réciproque qui se fait du ministre d'Angleterre, le sieur Legge, à ma cour, et du mien, de Klinggræffen, à celle de Londres.
Pour ce qui regarde le comte Othon de Frankenberg, je veux bien lui permettre, uniquement par politesse pour la cour de Vienne, qu'il entre à son service. Vous direz à cette occasion au comte de Harrach d'une manière forte et énergique, et je vous ordonne expressément de le faire dans les termes qui suivent, que je voulais bien encore pour<63> cette fois-ci avoir de la complaisance, en permettant que le susdit comte de Frankenberg pût accepter le poste qu'on venait de lui offrir, mais que j'étais bien aise de donner en même temps à connaître comme quoi je comptais absolument que l'Impératrice-Reine mettrait mon amitié à même prix que j'avais la sienne, et que toute affaire se traiterait d'égal à égal; que sans cela je me verrais nécessité de faire cesser toute complaisance; que quoique les procédés que Sa Majesté Impériale avait eus jusqu'à présent avec moi, ne m'eussent point fourni occasion pour m'engager à Lui faire des avances, nonobstant de cela je voulais bien passer sur cette considération et être derechef le premier en politesses, dans la forte persuasion où j'étais qu'Elle ne se prêterait pas moins volontiers dans l'occasion au réciproque, afin qu'ainsi une bonté en valût l'autre.
Federic.
Nach dem Concept.