3051. MÉMOIRE.
[mai 1748].103-1
Les propositions que M. Legge m'a faites au nom du Roi son maître, me semblent se réduire à demander ma médiation sur l'article de Final, sur lequel les deux parties belligérantes ne sont pas encore convenues dans la paix qu'elles veulent faire. Comme c'est un article délicat et sur lequel il est nécessaire de s'expliquer clairement de part et d'autre, je demande à M. Legge si je l'ai bien compris dans des choses qu'il exige de moi :
1° Que je fasse parvenir à la cour de France la part que le roi d'Angleterre m'avait donnée de la situation où était la négociation pour la paix; qu'ayant entendu souvent dans le cours de cette guerre que ma médiation ne serait pas désagréable à la France, le roi d'Angleterre avait jugé que la Prusse serait la plus propre pour rapprocher ces deux puissances belligérantes sur l'article de Final dont elles n'avaient encore pu convenir jusqu'à présent.
Que, l'ouvrage de la paix étant si désiré de toute l'Europe et principalement par les parties belligérantes, il restait à savoir si l'on ne pourrait pas trouver quelque moyen de conciliation qui pût satisfaire également les Anglais et les Français sur l'affaire de Final, et je demande à M. Legge si les Anglais par exemple voudraient payer Final aux Génois, ou si peut-être, pour terminer cette affaire à leur satisfaction, ils pourraient se résoudre à faire quelque cession à la France dans la Flandre, ou si peut-être on pourrait dédommager la république de Gênes par quelque morceau tenant à la rivière du Ponent qui fût à sa convenance.
2° Je demande à M. Legge si la France et l'Angleterre sont déjà entièrement d'accord sur l'article de leur commerce, ou si l'Angleterre croit que je pourrais lui être utile dans son commerce de l'assiento, et jusqu'à quel point.
3° Comme il paraît probable que le roi d'Angleterre a signé un traité à Hanovre avec M. de Khevenhüller, si ce pourrait être agréable au roi d'Angleterre qu'à la paix générale je lui donne la garantie de l'exécution à ce traité.
Je trouve d'autant plus important de demander à M. Legge une explication claire et réelle sur tous ces articles, que je le regarde comme étant absolument nécessaire tant que l'Angleterre ne puisse point me reprocher de ne point avoir exécuté ce que je lui avais promis, et tant de mon côté, pour ôter toute l'ambiguité de termes qui pourraient m'engager plus loin que la situation de mes affaires et mes intentions le voudraient permettre; et comme cette affaire est assez importante pour ne point être traitée légèrement, il me semble qu'il faudrait convenir<104> par écrit sur certains points et sur les avantages réciproques qu'on voudrait se faire; que nous étions à la vérité assurés de la garantie de l'Angleterre par notre traité de paix, mais qu'on pourrait, par exemple, encore convenir d'une alliance qu'on pourrait faire à la suite de la paix générale.
Federic.
Nach der von dem Könige unterfertigten Aufzeichnung von Eichels Hand am Rande des von Legge überreichten Promemoria.
103-1 Die Denkschrift, veranlasst durch ein von Legge nach seiner Audienz übergebenes Promemoria, gehört in die Zwischenzeit bis zu dem Einlaufen der Nachricht von dem Abschluss der aachener Friedenspräliminarien (vergl. S. 106).