3097. AU CHAMBELLAN D'AMMON A AIX-LA-CHAPELLE.

Berlin, 3 juin 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 28 du mois de mai dernier. L'accident qui vient de vous arriver à l'égard de votre ancien chiffre, ne m'a point été agréable; cependant les occurrences de ce temps n'ayant pas été bien importantes, je m'en console d'autant plus facilement qu'on ne vous a rien mandé de fort grande conséquence qui y fût relatif, et qu'ainsi il ne se trouve rien de retardé ni de gâté par là.

Je vous remarque ici que dans les relations que vous continuerez à me faire, vous devez éviter avec soin tous ces petits détails superflus comme quand vous dites que vous avez été obligé de vous arrêter une nuit à Rœrmonde, et en général tout ce qui peut regarder votre personnel et qui ne saurait d'ailleurs m'importer de rien, mais que dans vos relations immédiates vous ne devez toucher et traiter que des matières qui peuvent m'intéresser et dont je vous ai chargé, en vous abstenant de toute bagatelle et non-relevance.

Quant aux Autrichiens, vous ne devez point vous figurer qu'ils puissent altérer, le moins du monde, les préliminaires, ou qu'ils soient à même de porter quelque changement ou modification au traité formel de paix; ils seront plutôt obligés, ces mêmes Autrichiens, de s'accommoder simplement aux volontés de l'Angleterre et de la France sur ce que ces deux couronnes voudront régler par la paix.

Je vous recommande donc que, quoique vous deviez être attentif aux démarches que feront les Autrichiens vous ne vous fassiez pas remarquer par des mouvements extraordinaires à cet égard, puisqu'après tout ce ne serait que fait mal à propos, étant persuadé que, quand même les Autrichiens, par de mauvaises chicanes et par des pierres d'achoppement dont ils incommoderont le tapis et rendront difficile et raboteux le chemin qu'on voudra faire pour accélérer la conclusion des traités, tâcheraient de rompre entièrement les affaires, ce ne serait en effet que peine perdue, vu la supériorité avec laquelle l'Angleterre et la France les ont entamées et continuent à les porter.

J'approuve, au reste, toutes vos démarches que vous venez de faire, selon votre relation, auprès des ministres respectifs qui sont à Aix-la-Chapelle, et je veux que vous ne les importuniez plus, présentement que mes désirs se trouvent accomplis par la garantie de ma Silésie et du comté de Glatz. C'est là tout ce que je souhaite, et ce serait importunité à moi d'en exiger davantage. Au surplus, je ne me soucie pas beaucoup d'une garantie générale de toutes mes possessions, pourvu que celles de la Silésie et du comté de Glatz me soient garanties formellement. C'est pourquoi vous vous tiendrez tranquille à cette heure et ne ferez que voir et écouter simplement, quoiqu'avec beaucoup d'attention, tout ce qui se passera là où vous êtes, pour me le rapporter ensuite exactement.

Federic.

Nach dem Concept.

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