3112. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 15 juin 1748.
J'ai reçu votre dépêche du 28 de mai dernier. Il ne m'importe pas tant d'être mis au fait de l'impression que peuvent avoir faite les préliminaires d'Aix-la-Chapelle sur l'esprit de l'Impératrice, que de savoir ce qu'ils pourront opérer dans celui du Chancelier, et quel sera le système qu'il formera et comment il s'arrangera en conséquence. Il ne m'est point douteux que les Autrichiens n'aient tâché de brasser par lui au possible pour pouvoir continuer la guerre et faire rompre les préliminaires de paix. Je soupçonne aussi qu'il y a eu à cette occasion sur le tapis des choses préjudiciables à mes intérêts, et que la cour de<141> Vienne a voulu se servir des Russes contre moi. Mais outre que la reine de Hongrie, quand même elle serait aidée de la Russie, ne serait pas en état d'entreprendre, et moins encore de pouvoir espérer d'exécuter avec succès un projet de pareille importance, sans y être soutenue par des subsides de quelque puissance étrangère, les puissances qui ont conclu les préliminaires m'ont une fois donné leurs garanties, et la reine de Hongrie venant d'accéder à ces dits préliminaires, la corde concernant la Silésie est devenue de nature à ne pouvoir être touchée sans que les puissances les plus respectables de l'Europe n'y dussent prendre part.
Cependant, ce que je viens de vous dire, ne doit point vous retenir d'être fort attentif et de faire votre possible pour découvrir les trames des Autrichiens et savoir le mystère d'iniquité qu'il peut y avoir entre eux et le comte Bestushew. Je yeux encore vous marquer, avant que de finir, que, comme je me trouve actuellement en fort bonne intelligence avec l'Angleterre, de sorte que selon toutes les apparences je pourrai me lier dans peu fort étroitement avec cette dernière, vous pourriez et vous devez même en toucher quelque chose confidemment à milord Hyndford, en lui témoignant d'ailleurs de la confiance, pour voir comment il y répondra de son côté et s'il y aura moyen que vous puissiez vous procurer une confiance réciproque de sa part; en quoi vous réussirez, je m'imagine, d'autant plus facilement qu'il est à croire que ce ministre aura déjà reçu des ordres de sa cour à cet égard, ou qu'au moins il ne tardera guère d'en recevoir.
Federic.
Nach dem Concept.