3122. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 22 juin 1748.
J'ai reçu votre dépêche du 10 de ce mois. Il ne saurait guère manquer d'arriver dans peu que la France ne dût démasquer entièrement les Saxons. Il n'est point possible que des gens qui ruminent sans cesse des faussetés comme le font les Saxons, pour continuer à en imposer, puissent se soutenir sans être reconnus à la fin pour tels qu'ils sont. Il n'est, outre cela, point probable que les desseins que peuvent avoir conçus ces mêmes Saxons, pour les mettre en exécution aux conférences prochaines de paix, auront lieu pour qu'il en dût résulter quelque chose d'efficace, la France et l'Angleterre étant convenues ensemble de n'admettre aucun ministre au congrès si ce n'est ceux des puissances qui ont immédiatement participé à la guerre contre la France, et d'établir ainsi entre elles seules et ces dernières puissances ce qu'il y aura à régler par la paix. L'Espagne tâchera peut-être de disputer encore le terrain, pour tenter de se procurer quelques avantages, avant que de se rendre traitable, mais étant avérée trop faible pour soutenir la gageure contre partie aussi inégale, il faudra bien qu'elle acquiesce, à la fin, bon gré malgré qu'elle en ait.
Quant à la bonne intelligence qui semble vouloir se mettre entre la France et l'Angleterre, elle se fonde sans doute plutôt sur de simples<147> compliments et politesses que sur quelque chose de réel. Les intérêts de ces deux couronnes sont trop différents et sont trop éloignés les uns des autres pour qu'il en résulte jamais rien de bien solide.
Federic.
Nach dem Concept.