3201. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A HANOVRE.
Charlottenbourg, 12 août 1748.
Vous avez toute mon approbation, quand, selon votre dépêche du 8 de ce mois, vous vous êtes tenu clos et couvert avec le sieur Robinson sur ce que ce dernier a pu vous dire au sujet de la cour de Vienne; car sa façon de penser à son égard est au fond bien différente de ce qu'il vous en a dit, ayant de tout temps été autrichien à se faire brûler, et ayant avant son départ de Vienne eu une audience particulière de l'Impératrice-Reine, de plus de deux heures. Ajoutez à cela que le sieur Legge a donné à entendre à Andrié que, en vous voyant de temps en temps avec le duc de Newcastle, vous ne vous disiez mot ni ne vous faisiez réciproquement aucune ouverture sur les affaires générales, et que pour parvenir à quelque chose il serait à la fin nécessaire de se parler.
J'en tire la conclusion que ces gens-là ont le cœur gros de vouloir nous parler, mais qu'ils voudraient nous voir venir, tout comme je voudrais les voir venir eux-mêmes, et mon intention est que vous continuiez toujours sur le même pied avec eux, en ne vous exprimant qu'en termes généraux, quoique d'ailleurs des plus obligeants.
<201>Les avis qui me sont revenus de Baireuth à l'occasion des troupes russiennes, portent qu'elles avaient effectivement reçu ordre de rétrograder, en Bohême; mes lettres d'Angleterre et de Hollande vont même jusqu'à dire que ces troupes retourneraient tout de suite chez elles, sans obtenir des quartiers d'hiver en Bohême; le temps à venir nous en éclaircira le mieux.
Les chipoteries concernant les affaires de l'Empire se réduisent sans doute, selon moi, à deux points principaux, dont le premier est que la reine de Hongrie tâchera de se procurer, à l'aide du roi d'Angleterre, la garantie de l'Empire de la Pragmatique dans sa totalité, et qu'elle voudra que cela se fasse préférablement et avant que l'on en vienne à traiter des convenances à faire à la maison d'Hanovre. Le second point est que le roi d'Angleterre doit trouver sa convenance à l'égard de l'évêché d'Osnabrück. Il me paraît que le ministère d'Hanovre souhaiterait que cette dernière affaire fût conduite à sa perfection avant celle de la garantie en question, ou bien qu'elle marchât du moins de pas égal avec cette dernière, à quoi cependant la cour de Vienne ne semble pas vouloir entendre ni même marquer de bonne volonté, pour planter les Hanovriens, dès que la garantie de sa Pragmatique lui aurait été stipulée de la susdite manière, sur leurs convenances d'Osnabrück.
Je viens de faire sonder, au reste, le sieur Legge sur les discours qu'il doit avoir tenus aux ministres que je vous ai indiqués par la confidence que je vous ai faite en dernier heu.201-1 J'étais curieux de savoir la contenance qu'il ferait aux propos qu'on lui en tiendrait; c'est pourquoi, ayant pris le parti d'écrire sur ce sujet une lettre à Andrié dont vous verrez le contenu et la tournure par le chiffre ci-joint,201-2 pour qu'il en fît la lecture au sieur Legge, ce dernier en a d'abord paru un peu frappé, en avouant néanmoins bonnement que le ministère d'Hanovre avait pris un ascendant absolu sur le duc de Newcastle, qui témoignait plus de facilité et s'accommodait davantage au goût de ce ministère; que lui, Legge, n'en était pas bien aise; que les Autrichiens s'intriguaient de plus de choses qu'ils ne devraient.
Pour ce qui me concerne en particulier, le sieur Legge n'a voulu convenir de rien; plutôt il a assuré fermement qu'on en avait d'abord agi cordialement avec moi; que lui, Legge, souhaiterait que le roi d'Angleterre ne fût pas venu aussitôt à Hanovre, protestant finalement qu'on continuait toujours à y avoir une considération distinguée pour moi.
J'ai jugé devoir vous avertir de toutes ces particularités, quoique sous le sceau du dernier secret, afin que, si le sieur Legge venait à en écrire au duc de Newcastle, vous fussiez au fait de tout pour savoir la direction que vous auriez à tenir là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
<202>201-1 Vergl. Nr. 3199.
201-2 Nr. 3200.