3482. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

<383>

Chambrier berichtet, Paris 7. Februar, Puyzieulx habe dem schwedischen Gesandten von Scheffer u. A. erklärt: „Que Sa Majesté Très Chrétienne satisferait exactement au payement des subsides qu'elle a promis à la Suède, qu'elle les étendrait même plus loin, s'il le fallait, et que lui, Puyzieulx, avait donné tout récemment au marquis Desalleurs les ordres les plus positifs de porter les Turcs à déclarer à la Russie que, si elle attaquait la Suède, la Porte Ottomane ne pourrait se dispenser d'attaquer la Russie, en vertu du traité d'allianoe qui a été fait en 1739 entre la Porte Ottomane et la Suède.

Votre Majesté sera peut-être surprise, après tout ce que j'ai eu l'honneur de Lui marquer de la confiance que l'on témoignait ici avoir pour l'Angleterre, qu'on parle aujourd'hui au ministre de Suède sur le ton qu'on le fait. En voici la raison : La France a appris depuis peu de jours différentes choses de la conduite des Anglais à son égard qui lui ont ouvert les yeux, et surtout l'affectation que le ministère britannique fait paraître depuis quinze ou vingt jours de vouloir qu'on croie dans le monde que l'Angleterre est mal avec la France.“ 382-1

Potsdam, 21 février 1749.

J'ai été ravi d'apprendre par la dépêche que vous m'avez faite en date du 7 de ce mois que le ministère de France commence, à la fin, d'ouvrir les yeux sur la conduite peu équivoque des Anglais ou plutôt sur celle du roi d'Angleterre et de son ministre hanovrien,382-2 qui, à ce que mes lettres de Londres m'apprennent, mène le duc de Newcastle à sa volonté. C'est assurément en conséquence du système que la cour de Vienne s'est fait depuis quelque temps pour parvenir à son but principal d'abaisser la France, que le ministère d'Angleterre agit, et vous vous ressouviendrez de ce que je vous en ai appris, il y a à peu près deux ans,382-3 comment la cour de Vienne avait pris à tâche d'endormir celle de France, en lui inspirant de forts soupçons contre moi, et de tâcher par tous les moyens possibles à la détacher de moi; aussi suis-je persuadé que, si vous communiquez au marquis de Puyzieulx, ainsi que c'est ma volonté, tout ce que je vous ai marqué alors des intentions de la cour de Vienne, il ouvrira encore plus les yeux sur les procédés des Anglais pour en imposer à la France.

Au surplus, je me réfère à tout ce que je vous fais communiquer par une dépêche qui vous viendra en date d'aujourd'hui du département des affaires étrangères, concernant les avis qui me sont parvenus par mes lettres de Londres touchant le secret impénétrable que le ministère anglais continue de garder sur les affaires du Nord, et des apparences qu'il y a qu'il n'en éclatera rien qu'après les évacuations des Pays-Bas,

 

de même que sur le sentiment qu'on a que, si la France se déclarait sérieusement sur les affaires du Nord, les ministres d'Angleterre y penseraient plus d'une fois, avant que d'y prendre parti. Tout intéressant que cet avis me paraît, je laisse cependant à votre discernement si vous croyez convenable de le communiquer au marquis de Puyzieulx de façon qu'il ne saurait se fortifier dans les soupçons que mes ennemis lui ont inspirés, comme si je n'avais en vue que d'aigrir la France contre l'Angleterre, afin de brouiller de nouveau les cartes. Indépendamment de cela, vous ne laisserez pas d'informer ce ministre des avis que j'ai et que je vous fais communiquer, encore, du département des affaires étrangères, de l'empressement extrême que la cour de Vienne continue d'avoir à amasser de l'argent comptant, et que, malgré les fortes sommes qu'elle avait en caisse, on n'en payait personne, et que même on cessait de payer les pensions qui en temps de guerre avaient été acquittées; avis qui ne laissait pas que de donner à penser sur les desseins de ladite cour de brouiller les affaires du Nord et d'avoir en mains afin de payer des subsides à la Russie pour parvenir à ses fins — quoique la démarche que la Russie a faite par la déclaration qu'elle a fait faire par son ministre à Stockholm, le sieur Panin, dont vous êtes déjà instruit, ait dû me tranquilliser.

L'on me marque d'ailleurs de Londres que le ministre de Danemark,383-1 ayant été sondé sur les grands préparatifs de guerre de son maître, avait répondu qu'il fallait être sur ses gardes contre un orage qui s'élevait dans le voisinage; que, tant que le roi de Suède serait en vie, les choses resteraient tranquilles, et que, pour lui, il espérait que tout cela n'aurait point de suites. De plus, le duc de Newcastle, à qui un de ses confidents a serré le bouton sur les affaires du Nord, doit s'être exprimé, à la fin, dans ces termes : que l'Angleterre était un pays de liberté et qu'elle avait encore de l'argent pour soutenir ceux de ses amis qu'on voudrait opprimer, et qu'elle était fidèle à ses anciens alliés; expression à laquelle j'avoue que je n'entends rien, mais qui me paraît être du même aloi que le sont les bruits ridicules et insensés qu'on dissémine à Vienne comme si la Russie craignait d'être attaquée.

Voilà tout ce qui m'est revenu de pour et de contre, dont je vous laisse la liberté de faire tel usage que la prudence vous dictera. En attendant, vous ne laisserez pas de faire pousser, par le ministre suédois, à la roue, pour que la France fasse quelque déclaration sérieuse en Angleterre pour empêcher, s'il est possible, une nouvelle guerre.

Federic.

Nach dem Concept.

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382-1 Unter dem 20. Februar übermittelt Eichel an den Grafen Podewils in Berlin den Befehl des Königs, Klinggräffen in London von der Meldung Chambrier's durch einen Erlass aus dem Ministerium in Kenntniss zu setzen, „jedennoch sonder etwas von der Confidence zu berühren, welche der Marquis de Puyzieulx von den Absichten des französischen Hofes wegen der Türken, wenn die Russen die Schweden attaquiren wollten, gemachet hat, als welche Umstände des Königs Majestät nicht vor communicabel halten.“

382-2 Ph. von Münchhausen.

382-3 Vergl. S. 360 Anm. 1.

383-1 Söhlendahl.