3519. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.
Potsdam, 8 mars 1749.
Votre dépêche du 13 de février dernier m'a été rendue. Il n'est plus question si le malheureux comte Lestocq est encore à la forteresse de Pétersbourg, vous pouvez compter qu'il est actuellement transporté en Sibérie. L'incertitude où l'ami important a paru être sur le sort dudit comte, me fait juger des soins que son antagoniste prend pour le tenir hors des affaires tant soit peu intéressantes.
Je viens d'apprendre par un assez bon canal que la cour de Vienne négocie à présent sur une nouvelle convention avec la cour de Russie, qui doit ratifier toutes les liaisons précédentes qu'il y a eu entre les deux cours à l'avantage de celle de Vienne. Je ne suis pas encore informé du contenu de cette nouvelle convention, mais toutes les apparences sont qu'elle sera plus offensive que défensive. Je ne vous dis ceci que pour votre direction seule, et afin de vous mettre sur les voies d'approfondir de quoi il pourrait être question dans cette nouvelle convention, sans que vous fassiez trop paraître que vous êtes informé de la négociation où l'on est là-dessus. Je veux vous avertir, de plus, qu'il m'est revenu par mes lettres de Londres que la cour de Russie vient d'insinuer en dernier lieu à celle de Londres qu'elle était inclinée de commencer dès à présent les opérations contre la Suède et de demander si l'Angleterre voulait y entrer. La réponse qu'on y a faite, doit avoir été qu'à la sortie d'une guerre coûteuse on ne pouvait point prendre réellement d'abord parti, mais qu'on était disposé à envoyer une escadre dans la Baltique au printemps qui vient, pour entretenir la tranquilhté dans le Nord, si des troubles s'y manifestaient. Comme il y a beaucoup d'apparence que pendant toutes ces entrefaites la cour de Vienne, qui ne désire actuellement rien tant que de mettre en combustion tout le Nord, offre des subsides à la Russie, vous devez diriger votre attention principale pour bien démêler si actuellement la cour de Russie tire des subsides de la cour d'Autriche et s'il en revient des sommes à Moscou. Je crois qu'il ne vous coûtera guère de vous en orienter, pourvu que vous sachiez vous prendre adroitement, et j'attends que vous me marquiez ce que vous en avez pu découvrir.
Au surplus, mes nouvelles de Suède sont que le Roi se porte assez bien, et que, selon les apparences, il pourrait encore se traîner assez de temps. L'on croit d'ailleurs que le chancelier Bestushew ne travaille à présent qu'à faire changer l'ordre de la succession en Russie et qu'à renverser le Grand-Duc, et que le but principal de toutes les démarches qu'il fait faire à sa souveraine, ne doit que s'y rapporter.
Federic.
Nach dem Concept.
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