3536. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.
Potsdam, 11 mars 1749.
Il y a des nouvelles entrées ici que l'impératrice de Russie était résolue de former, outre les campements aux frontières de la Courlande et de la Livonie, encore un aux environs de la ville de Moscou. Si ces nouvelles sont fondées, l'on pourrait présumer que la principale affaire du chancelier comte Bestushew était présentement de faire changer l'ordre de succession en Russie à l'égard du Grand-Duc. Vous, qui êtes sur les lieux, pouvez juger si ladite nouvelle et les conséquences qu'on en tire sont fondées ou non. Pour moi, je suis toujours de l'opinion que la guerre sera inévitable, que la Russie commentera le branle, en attaquant au printemps qui vient la Suède, et que la guerre se communiquera alors insensiblement à d'autres pays encore. La nouvelle que j'ai eue de Londres, que la Russie avait envoyé depuis peu de semaines là un courrier, pour insinuer à la cour britannique qu'on était incliné de commencer dès à présent les opérations contre la Suède, et pour demander encore si l'Angleterre voulait y entrer, m'a donné à penser fort sérieusement, et quand je considère d'ailleurs que les Autrichiens font sans discontinuation les mêmes préparatifs de guerre, qu'ils voudront former au printemps prochain différents campements sur mes frontières, et qu'ils ne dissimulent point qu'ils ne sauraient pas s'empêcher à aider la Russie, je vois très bien qu'il y a de grands desseins projetés entre les deux cours impériales, que l'on ne sait tout-à-fait pénétrer encore, mais qui ne manqueront guère d'éclater en peu de temps. Les assurances que l'ami important paraît donner du contraire, me paraissent être de sûrs garants que son antagoniste lui laisse ignorer toutes les affaires d'importance, ainsi que vous ne sauriez tout-à-fait vous reposer là-dessus, mais que vous devez redoubler votre vigilance et attention et tâcher de vous orienter par d'autres voies encore sur le vrai état des affaires et sur ce qui se trame là où vous êtes.
Federic.
Nach dem Concept.