3629. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 22 avril 1749.

J'ai reçu votre dépêche du n de ce mois. Comme il est passé à Berlin, il y a quatre jours, deux courriers de la cour de Russie, qui, après avoir remis un paquet de lettres au sieur de Gross à Berlin, que celui-ci a d'abord envoyé par un de ses domestiques en courrier à Dresde au ministre de Russie, le comte Keyserlingk, ont continué leur chemin pour aller l'un à Londres et l'autre à Copenhague, je viens d'être informé en secret de très bon lieu que les dépêches que ces courriers ont portées aux ministres de Russie aux cours de Londres, de Copenhague et de Dresde, roulent principalement sur les derniers efforts qui ceux-ci doivent faire pour attirer ces cours dans les concerts dont les deux cours impériales sont convenues par rapport aux affaires du Nord, et que la Russie va déclarer en même temps que, comme elle ne saurait point se contenter des déclarations vagues, à ce qu'elle prétend, que le ministère de Suède avait faites au sieur de Panin, bien différentes de ce qu'il avait fait déclarer à la cour de Danemark,509-1 et qu'elle se méfiait d'ailleurs des mauvais desseins de la Suède et de ses alliés, elle ne saurait que réclamer l'assistance actuelle de ses alliés aux mesures qu'elle prendrait contre la Suède.

Comme j'ai cru nécessaire de vous informer de toutes ces particularités-là, afin que vous les puissiez communiquer confidemment au marquis de Puyzieulx, vous devez vous en acquitter d'une manière convenable, en lui faisant cependant remarquer que ces dépêches de la cour de Russie en sont parties avant qu'elle ait pu être informée des déclarations que la cour de France a fait faire à l'Angleterre au sujet des affaires du Nord et de ce que la dernière a déclaré là-dessus, et que j'espérais ainsi que, dès que la cour de Russie en serait informée, elle changerait peut-être de ton, et que la tranquillité du Nord serait encore conservée; mais que, si contre cette mon attente la rage continuait à la<510> Russie, soufflée de la cour de Vienne, de vouloir absolument rompre avec la Suède, je croyais que les choses iraient tout autrement qu'elles auraient pu aller si la France n'avait pas, par ses déclarations vigoureuses, mis l'Angleterre hors du jeu. Vous joindrez à tout cela un compliment très flatteur au marquis de Puyzieulx de ce que Sa Majesté Très Chrétienne avait fait évanouir, par ses déclarations vigoureuses et, pour ainsi dire, par un seul mot, tous les mauvais concerts pris pour troubler de nouveau la tranquillité de l'Europe, et qu'on ne saurait juger raisonnablement sinon que l'orage qui avait tant menacé le Nord, en serait conjuré.

Federic.

Nach dem Concept.



509-1 Vergl. S. 505 Anm. 1.