3656. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 17 mai 1749.

J'ai reçu vos deux dépêches du 2 et du 5 de ce mois. Les sentiments que le marquis de Puyzieulx vous a marqués encore sur mon sujet, m'ont fait bien du plaisir, et je serais content si une bonne fois lui et le comte de Saint-Séverin se pourraient entièrement défaire de ces préjugés que mes ennemis, comme vous dites, ont su graver dans leurs esprits, par rapport aux finesses et à un raffinement de politique tendant à rembarquer la France dans une nouvelle guerre que l'on m'a attribué calomnieusement. Le temps me justifiera que rien n'a été plus contraire à mes intentions. En attendant, vous ne laisserez pas de dire mille politesses de ma part au marquis de Puyzieulx sur sa façon présente de penser à mon égard, et de l'assurer que j'irai toujours de concert avec la France et que je ne négligerai rien de tout ce qui pourra contribuer à rendre la dernière paix stable et solide et à écarter une nouvelle guerre. Vous direz encore à ce ministre que, comme j'avais remarqué, par un de ses discours qu'il avait eu avec vous et dont vous m'avez rendu compte par une de vos dépêches précédentes,527-2 que cette alliance que j'avais envie de faire avec la cour de Turin, n'était pas trop du goût de la France, j'avais laissé tomber d'abord cette idée et donné mes ordres à mon ministre à la Haye de n'y plus toucher.

Au surplus, le marquis de Puyzieulx m'ayant fait faire par le marquis de Valory quelques insinuations sur différents sujets et en parti<528>culier sur de certaines liaisons à prendre avec la Porte Ottomane,528-1 il n'y a eu que mon absence en Silésie qui m'a empêché de répondre d'abord là-dessus; mais comme je suis à présent de retour de ce voyage, j'ai parlé moi-même au marquis de Valory et me suis expliqué avec lui d'une façon que M. de Puyzieulx, à ce que j'espère, aura lieu d'en être satisfait.528-2

Il m'est revenu par des lettres de Vienne qu'on y avait des nouvelles d'une déclaration de guerre à craindre de la Porte contre la Russie et qu'il paraissait comme si la cour de Vienne commençait à en avoir ombrage. Quoique je ne compte que peu sur de pareilles nouvelles, néanmoins je suis persuadé qu'une simple appréhension de la part de la cour de Vienne d'une pareille guerre ne laissera pas de faire toujours un bon effet.

Federic.

Nach dem Concept.



527-2 Vergl. S. 513.

528-1 Vergl. Nr. 3651 S. 523.

528-2 Vergl. S. 531. 534.