3673. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.
Potsdam, 27 mai 1749.
Vous avez parfaitement raison quand vous dites, dans votre dépêche du 16 de ce mois, qui m'est parvenue à la fois avec celle du 13 de ce même mois, qu'on ne saurait assez admirer l'insigne effronterie de la cour de Vienne, qui, après avoir remué ciel et terre et fait jouer tous les ressorts imaginables pour mettre le Nord en combustion, afin de profiter de ces conjonctures contre moi, tâche à présent tout hardiment, comme si de rien n'était, de faire accroire dans le monde que ses sentiments ont toujours été des plus pacifiques relativement aux affaires du Nord, et qui même serait bien aise de pouvoir, s'il était possible, faire tomber sur autrui le soupçon du contraire.
Mais, quoi qu'il en soit, je vois assez que la tempête se dissipera pour cette fois-ci, et qu'il faudra diriger à présent son attention sur l'événement de la mort future du roi de Suède, duquel cependant on ne saurait jusqu'ici encore former un jugement solide, sur ce dont il pourra être question quand il arrivera.
Vous pouvez croire pour vrai que la Russie n'a encore pu donner de réponse à la dernière déclaration de la France, m'étant revenu que le courrier qui en a été chargé de la part de l'Angleterre, n'a fait que d'arriver à Moscou, après avoir passé par Vienne sur sa route; mais indépendamment de cela, mes avis de Russie portent que la cour de Russie ne battait, aussi, plus que d'une aile, et vous savez à coup sûr, sans que je vous le dise, que, dès qu'une fois ces sortes de concerts vastes se trouvent être dérangés entre des puissances alliées, elles sont longtemps, après cela, à convenir de nouveau ensemble sur quelque<540> chose; le chagrin, la méfiance et ce qu'il y a de semblable, s'en mêlant d'ordinaire pour les en retenir, de sorte que j'en augure que, si même les puissances mal intentionnées tâchaient derechef de couver quelque œuvre d'iniquité, aucune d'elles n'en voudrait mener le branle, par un manque de confiance sur la bonne foi de ses alliés.
Après tout, il faudra au moins que le roi d'Angleterre soit tout honteux de l'énorme fausseté et duplicité de son ministre,540-1 et il ne pourra guère manquer d'être confus et chagrin d'en avoir permis et, qui plus est, fourni l'occasion à son dit ministre.
Federic.
Nach dem Concept.
540-1 Klinggräffen sagt in seinem Bericht vom 13. Mai über den Herzog von Newcastle: „Son coup a manqué; pendant quelque temps il a tâché de se sauver en mettant tout sur Votre Majesté, ainsi que le roi d'Angleterre me l'a déclaré positivement; mais je l'ai rectifié par tant de circonstances qu'il n'ose plus du tout toucher cette corde, et qu'il ne lui reste plus qu'un silence embarrassé.“