3692. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.
Potsdam, 7 juin 1749.
Votre dépêche du 15 de mai dernier m'est bien parvenue. Toutes les circonstances qui se manifestent à l'heure qu'il est, indiquent suffisamment que les troubles qui semblaient vouloir s'élever au Nord, n'auront point encore lieu au moment présent, et il ne m'est point étrange que le chancelier comte de Bestushew en soit irrité à l'excès. Mais à qui importe? Nous avons gagné du temps, et nos envieux ne seront point à même présentement de faire réussir leurs vues dangereuses, comme ils auraient pu le faire, si le plan qu'ils avaient formé à cet égard entre eux, n'en avait été ébruité. Les deux cours impériales travaillent néanmoins encore toujours fort chaudement à Dresde pour tirer la Saxe de leur côté, afin de l'impliquer dans les projets complotés entre elles.
Comme, au reste, il m'est revenu d'assez bonne main de Dresde que le morne chagrin qu'a fait paraître depuis quelque temps le Chancelier, avait, entre autres, principalement pour raison le mariage de son frère avec la veuve de Haugwitz, en tant que ce mariage avait été très mal reçu de l'impératrice de Russie, au point même que cette Princesse était intentionnée d'invalider ce mariage, en déclarant la dame de Haugwitz pour une simple concubine, de quoi le Chancelier ressentait en secret un cuisant chagrin, et que d'ailleurs la cour de Vienne tâche de s'accommoder à la Russie en faisant traîner les audiences du grandmaréchal comte de Bestushew, pour que celui-ci ne puisse produire sa femme jusqu'à ce que ladite cour ait appris quelle face ce mariage du comte de Bestushew aura pris en Russie — mon intention est que vous preniez occasion de faire de tout ceci confidence à l'ami important, le conjurant toutefois de vous en garder un secret des plus impénétrables, que je devais indispensablement au canal par lequel cette nouvelle m'était entrée.
Federic.
Nach dem Concept.