<146> et je vous le confirme encore qu'il est tout-à-fait vrai qu'on a tenu à Moscou un grand conseil sur les affaires du Nord,1 dans lequel il a été résolu qu'il *ne convenait point à la Russie de se commettre avec la Suède ni d'entrer en guerre offensive avec elle. Il est encore vrai que les Anglais ont agi de bonne foi dans tout ceci, qu'ils n'ont été nullement contents, tout comme la cour de Vienne, de la démarche que le chancelier Bestushew a faite, à l'égard de la déclaration faite par le sieur Panin à Stockholm, et qu'ils ont taxé celle-ci d'indécente et de mal avisée, et que d'ailleurs ces affaires-là sont dans un train qu'on en peut espérer qu'elles prendront un tour favorable et bon. Ce que vous ne manquerez pas de confirmer de ma part au marquis de Mirepoix.
Quant à la personne dont vous faites mention dans votre dépêche que je la doive gratifier pour les confidences qu'elle vous fait, vous n'avez qu'à vous expliquer en quoi je puis lui témoigner ma reconnaissance.
Au reste, comme le général autrichien, comte Lucchesi, vient de passer par ici pour aller à Londres, et que je soupçonne qu'il pourrait bien être chargé par sa cour de quelque commission secrète — quoiqu'on assure qu'il ne fait ce voyage que de son propre chef, pour profiter de ce temps de paix, afin de voir quelques cours d'Europe, et que surtout il voudra tenter la fortune au jeu à Londres — vous devez le faire observer de près, quoique sans vous faire remarquer, afin de pénétrer s'il peut être chargé de quelque commission secrète de la part de la cour de Vienne ou non.
Federic.
Nach dem Concept.
3942. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.
Potsdam, 25 octobre 1749.
Mon très cher frère. J'ai vu le général Lucchesi, qui est tel que vous me l'avez dépeint; quoiqu'il parle français, j'ai été obligé de le deviner. B a une langue ou plutôt un baragouin inintelligible. Il est reparti cette nuit pour l'Angleterre.
Nous avons eu un nouvel intermezzo qui s'appelle L'Écolier maître à son tour ; ce sont des polissonneries à l'italienne dont le jeu du théâtre rend les paroles supportables. Le mauvais temps me retient à la maison. je souhaite que vous vous divertissiez bien, en vous priant de me croire avec toute l'estime et toute la tendresse, mon très cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
1 Vergl. S. 132.