3774. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 26 juillet 1749.
La longue conférence qu'on a tenue à la cour où vous êtes et qui a été suivie de l'envoi du capitaine Duranti au comte Bernes, n'a apparemment roulé sur autre chose que sur le secours en troupes que la Russie a réclamé de la cour de Vienne tout comme de ses autres alliés, pour donner d'autant plus de poids à la déclaration qu'elle va faire à la Suède et dont je vous ai fait instruire amplement par la dépêche du département des affaires étrangères qui vous parviendra avec celle-ci. Je suis cependant persuadé que la cour de Vienne aura refusé ce secours et qu'elle aura déhorté encore celle de Russie de ne point commencer mal à propos des troubles, puisque la cour de Vienne voit bien que la partie entre la France, moi et la Suède est présentement trop liée pourqu'elle n'eût à craindre que, s'il s'élève des troubles au Nord, la guerre n'en devînt générale, ce que cette cour voudrait cependant éviter dans le moment présent, voyant bien qu'elle n'y gagnera rien. Il faut ajouter à cela que la cour de Vienne ne saurait ignorer la déclaration que la Porte Ottomane a faite au ministre de France, le comte Desalleurs, qu'aussitôt que la Russie attaquerait la Suède, la Porte ne manquerait pas, en conséquence de son alliance avec la Suède, de tomber avec toutes ses forces sur la Russie.
Si la cour de Vienne était sage, elle devrait souhaiter que le comte Brühl fût culbuté le plus tôt le mieux. Je me trouve, au moins, fort bien de sa mauvaise administration des revenus de la Saxe,1 et je souhaiterais bien que l'Impératrice-Reine eût encore un ministre tel que Brühl. Au reste, vous devez continuer à être fort attentif sur les arrangements que la cour de Vienne fait dans l'intérieur de ses provinces et m'en faire exactement vos rapports.
Federic.
Nach dem Concept.
3775. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE VOSS A DRESDE.
Potsdam, 26 juillet 1749.
J'ai reçu vos dépêches du 19 et du 21 de ce mois de juillet. Quoique les circonstances dans lesquelles se trouvent encore actuellement les affaires dans le Nord, soient jusqu'ici fort critiques, et que l'on soit fondé à craindre que l'événement de la mort du roi de Suède ne donne, lorsqu'il viendra à exister, occasion à de nouveaux et grands troubles, il se pourrait cependant qu'il y eût des circonstances, lors de cette mort, de nature à empêcher ces mêmes troubles.
Vous jugez très bien quand vous dites qu'en cas que la cour de Dresde dût recevoir de nouveaux subsides de la France, et que celle-ci
1 Vergl. Bd. VI, 552.