<364> venait de donner ordre au chevalier Williams d'aller incessamment résider à ma cour et me faire, à ce qu'on prétend savoir, directement des protestations pour la conservation de la tranquillité du Nord; que d'ailleurs le duc de Newcastle s'épuisait en protestations envers l'ambassadeur de France sur la sincérité du Roi son maître et sur la droiture de ses sentiments dans les affaires du Nord. Outre cela, les cours de Londres et Vienne paraissaient craindre que la guerre ne commençât dans le Sud, et j'apprends encore que la dernière est fort intriguée sur la déclaration que la cour de Danemark a faite1 à l'égard des affaires du Nord.
Toutes ces circonstances, prises ensemble, me font croire qu'il se peut bien que le sieur Guy Dickens ait parlé d'un ton plus ferme qu'à l'ordinaire au Chancelier, et je crois pouvoir espérer que, puisque la Russie ne sait trouver aucun appui auprès de ses alliés, elle se rendra, à la fin, à la raison et tâchera de se tirer de l'affaire, quoiqu'elle ne laisserait pas de chicaner le terrain au possible.
Federic.
Nach dem Concept.
4288. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 2 mai 1750.
J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 22 d'avril. Vous devez assurer de ma part au colonel de Schœnaich2 que, quand il viendra ici, je l'agréerai en mon service, le connaissant pour un officier de mérite et de valeur, et que de cette façon-là il ne risquera point d'être au dépourvu, si on venait à lui donner son congé.
Les dernières lettres qui me sont arrivées de Londres, ont été assez intéressantes; elles m'apprennent que le roi d'Angleterre et son ministère commencent à être dans de fortes appréhensions sur les suites des déclarations vigoureuses que la France a faites au sujet des affaires du Nord, et qu'ils paraissaient être bien intrigués sur l'étroite intelligence entre la France, moi et la Suède; qu'on venait de prendre en conséquence la résolution d'envoyer incessamment le chevalier Williams à ma cour, pour y faire directement, dit-on, des protestations sur la forte envie qu'on avait pour conserver la tranquillité du Nord, et qu'en attendant le duc de Newcastle faisait toutes les assurances possibles au ministre de France sur la droiture des sentiments du Roi son maître à cet égard. L'on ajoute d'ailleurs que la cour de Londres n'était pas sans appréhensions que la guerre ne commençât dans le Sud.
Quand je combine tout ceci avec les nouvelles qui me reviennent de Pétersbourg et qui continuent d'être assez favorables, je crois pouvoir conjecturer que la Russie, ne trouvant aucun appui auprès de ses alliés
1 Vergl. S. 338.
2 Vergl. S. 328.