<405> jouer tous les ressorts possibles pour le renverser et pour y exciter des troubles dans l'intérieur du royaume.
A cette occasion, je dois vous dire qu'il m'est revenu de différents lieux comme si la nation suédoise n'était plus si zélée ni si prévenue pour le gouvernement présent, comme elle avait été autrefois; qu'au contraire le mécontentement dans ce royaume allait toujours en augmentant, mécontentement qu'on attribuait tant à la distribution des emplois militaires, à l'égard desquels on donnait souvent la préférence aux jeunes officiers sur ceux qui s'étaient rendu mérités par de longs services, qu'à la vénalité des charges dans le civil. J'ai cru devoir vous communiquer tous ces avis-ci, afin que vous sachiez m'instruire si les choses sont effectivement telles qu'on les a marquées, ou s'ils ne sont que de faux bruits, semés par les ennemis de la Suède et de son gouvernement. Je veux même vous permettre que vous fassiez adroitement des insinuations convenables à ceux du gouvernement dont vous saurez être sûr du secret, afin que ceux-ci tâchent de démêler ces gens qui voudront imposer à la nation par de pareils bruits, et de prendre préalablement leurs arrangements là-dessus. Au surplus, je veux bien vous confier, quoiqu'à vous seul, que ce qui me donne des soupçons sur la façon d'agir des ministres de Suède, c'est qu'ils n'ont point voulu permettre au chevalier de La Touche de passer en Finlande, chose qui tôt ou tard ne laissera pas de faire un mauvais effet auprès de la France. D'ailleurs il ne plaît point à moi que je ne voie aucune fermeté dans leur conduite, ayant remarqué dans plus d'une occasion qu'ils désespèrent tantôt sans raison de leurs affaires, et que tantôt ils s'en flattent trop.
Federic.
Nach dem Concept.
4362. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A COMPIÈGNE.
Potsdam, 23 juin 1750.
J'ai été très satisfait des relations intéressantes que vous m'avez faites du 5, du 8 et du 11 de ce mois. Je suis parfaitement du sentiment où est le marquis de Puyzieulx par rapport aux affaires du Nord,1 et je pense tout comme lui là-dessus; j'applaudis d'ailleurs aux réflexions que vous y avez ajoutées. Je ne considère autrement la conduite que les cours de Londres, de Vienne et de Pétersbourg tiennent dans le moment présent sur ces affaires, que comme une espèce de trève qu'elles voudront garder jusqu'à ce qu'elles croiront le moment venu pour mettre en exécution les projets dont elles sont convenues
1 Laut Chambrier's Bericht vom 5. Juni hatte Puyzieulx ihm gesagt: „J'en reviens à ce que je vous ai déjà dit plus d'une fois: Le Roi votre maître, la France et la Suède bien unis, et le Danemark avec nous, si cela se peut, sinon allié, au moins impartial, je crois que notre position ne sera pas mauvaise.“