3822. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.
Potsdam, 19 août 1749.
J'ai reçu à la fois vos dépêches du 5 et du 8 de ce mois. Si la Russie a changé de résolution par rapport à la déclaration fulminante qu'elle s'était proposé de faire à la Suède, je l'attribue principalement à la déclaration énergique que la Porte Ottomane a faite au ministre de Russie à Constantinople,1 du contenu de laquelle mes ministres du département des affaires étrangères vous auront déjà instruit par la poste précédente. Déclaration qui, avec ce qui s'est passé à Copenhague,2 a apparemment rompu la mauvaise volonté et les desseins que le chancelier de Russie avait contre la Suède.
J'apprends avec satisfaction que vous avez tout lieu d'être content jusqu'ici de l'ambassadeur de France,3 et que vous comptez de le mettre sur la bonne voie. Cependant, il faut que je vous dise pour votre direction que vous devez agir là-dessus avec beaucoup de prudence et bien mesurer vos expressions, afin qu'il ne saurait paraître comme si vous visiez à vouloir aigrir la France contre l'Angleterre, pour les commettre entre elles; car il faut que vous sachiez que le ministère de France est extrêmement délicat et soupçonneux à ce sujet et qu'il n'est pas encore tout-à-fait revenu des soupçons qu'on lui avait inspirés que je ne cherchais qu'à brouiller de nouveau les affaires et entraîner la France malgré elle dans une guerre.
Au surplus, quelque envie que j'aie de vous faire plaisir et de vous aider autant qu'il m'est possible, il faut néanmoins que je vous dise qu'il est impossible que la caisse de légation vous puisse faire une avance de mille écus sur vos appointements, vu qu'elle ne s'est point encore acquittée des dettes qui sont à sa charge et qu'elle en est encore en arrière de plus de dix mille écus. Au reste, dès que je verrai que l'orage qui a menacé le Nord passera encore cette fois-ci, je me tiendrai au plan que je vous ai envoyé pour l'acquittement de la dette de Silésie.4
Federic.
Nach dem Concept.
3823. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 19 août 1749.
Si le comte de Tessin est dans l'opinion, comme il le paraît être par ce que vous m'en marquez dans votre dépêche du 8 de ce mois, que l'avis que je vous ai donné relativement à la déclaration menaçante que la Russie a voulu faire par le sieur Panin, ait été prématuré ou non fondé, il en sera désabusé par la première lettre qu'il aura de Vienne,
1 Vergl. S. 55.
2 Vergl. S. 56.
3 Mirepoix.
4 Vergl. S. 49. 52.