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3829. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 22 août 1749.

Le chasseur Krause m'a bien rendu les lettres que vous lui avez confiées, et je viens de recevoir presque en même temps la dépêche que vous m'avez faite du 12 de ce mois. J'approuve les assurances que vous avez données au comte Tessin de la satisfaction particulière que j'ai eue de l'heureux succès de la négociation avec le Danemark, et elle vient d'être augmentée encore par l'avis qui m'est revenu aujourd'hui que le nouveau traité de subsides entre la France et le Danemark vient d'être signé encore.1

Mais pour ce qui regarde les affaires de Russie, relativement à la déclaration que celle-ci s'est proposé de faire faire à la Suède, il faut que je vous dise qu'il me paraît que le ministère de Suède prend un peu trop à la légère une chose qui serait cependant de la dernière conséquence pour la Suède, si la Russie s'opiniâtrait de la vouloir réaliser encore; au moins aurais-je fort souhaité que les ministres de Suède auraient pris leurs mesures [sur] ce qu'ils auraient à faire, le cas supposé que la Russie voudrait faire une pareille démarche. Il est bon qu'ils aient lieu de se reposer sur l'activité et la vigilance du sénateur Rosen; mais fallait-il négliger pour cela de lui donner des instructions sur la manière dont il eût à se conduire à tout événement? Et comptentils pour rien l'embarras où, faute d'instruction, cet honnête et brave homme serait, si la Russie s'avisait de vouloir faire entrer de ses troupes dans la Finlande suédoise, comme elle a menacé? Autant qu'il me paraît, ce n'est qu'une illusion que de croire que la Russie ne saurait y faire passer un corps de troupes parcequ'elle ne saurait les faire subsister là. Ne pense-t-on pas que la Russie a des magasins formés en derrière et peut faire charrier ce qu'il faut pour la subsistance de ses troupes là où elle voudra? Ignore-t-on en Suède que la Russie peut faire transporter en trois ou quatre jours un nombre assez considérable de troupes en Finlande? Mon sentiment est donc qu'on ne devrait nullement négliger de penser et de réfléchir sur ce qu'on aurait à faire, en cas qu'un pareil malheur arrivât. S'il n'arrive pas, il n'y aura rien de perdu ; au lieu que, s'il arrive, ce serait bien trop tard que de vouloir alors y aviser.

Ce qui m'a donné à penser sur cette affaire-là, c'est le dernier entretien que le comte Ulfeld à Vienne a eu avec le ministre de France, le sieur Blondel,2 où le premier a positivement dit à celui-ci que la nouvelle de la déclaration de la Russie n'était pas destituée de fondement; et je ne saurais m'imaginer qu'il en eût parlé d'une manière aussi positive et circonstanciée qu'il a fait au ministre de France, si la chose avait manqué de réalité. Qu'on ne m'objecte pas que c'est peut-



1 14. August.

2 Vergl. S. 57. 60. 63.