3744. AU SECRÉTAIRE DIESTEL A CHRISTIANIA.
Potsdam, 11 juillet 1749.
Il m'a été fort désagréable d'apprendre par votre rapport du 24 de juin dernier que la négociation entamée en dernier lieu entre la Suède et le Danemark commençait à prendre un aussi mauvais pli que vous me le marquez par votre dit rapport, et que le sieur de Schulin affectait de témoigner assez d'indifférence à cet égard. Je ne saurais rien vous dire là-dessus, si ce n'est que vous devez parler tant à l'abbé Lemaire qu'au ministre de Suède, pour leur insinuer que, comme il importait beaucoup à leurs cours respectives que la négociation en question pût réussir, il serait fort convenable qu'eux, ministres de France et de Suède, fissent leur possible pour la conduire à sa perfection.
<9>Vous ajouterez à ces deux ministres que je vous avais ordonné de conférer là-dessus avec eux et de les consulter s'ils ne pensaient qu'il serait bon et si par conséquent ils n'auraient pour agréable que vous parlassiez au sieur de Schulin — après que vous lui auriez fait beaucoup de compliments polis et flatteurs de ma part tant sur le personnel de Sa Majesté Danoise que sur celui de lui, sieur Schulin, et après que vous auriez assuré ce ministre de la haute estime que j'avais pour le Roi son maître et de l'amitié que je lui portais — pour lui dire qu'ayant toujours été bon ami du Danemark et me faisant un vrai plaisir de pouvoir contribuer à tout ce qui était agréable à Sa Majesté Danoise, je n'avais voulu laisser passer l'importante occasion en question, pour lui représenter tous les avantages qu'elle trouvait dans une alliance avec la France et la Suède; que la France donnait des subsides au Danemark seulement pour ne rien faire,9-1 et que la Suède lui accordait gratuitement tout ce que d'ailleurs il aurait fallu attendre d'une longue guerre, dont les événements n'auraient toujours laissé que d'être fort incertains. Que peut-être l'Angleterre offrirait des subsides plus considérables au Danemark, qu'il se pourrait aussi que la Russie de son côté lui promît certains avantages, mais que ce n'étaient là, en effet, que des appas pour attirer le Danemark dans une guerre qui, après tout, importerait fort peu aux autres pour sa réussite, et dont l'issue leur serait assez indifférente. Que j'étais ainsi persuadé que Sa Majesté Danoise, par la pénétration éclairée et les hautes lumières que je lui connaissais, voudrait bien préférer le certain à l'incertain, ce qui ne pourrait que m'être d'autant plus agréable que je me verrais à même par là de pouvoir continuer à cultiver l'amitié du roi de Danemark et de resserrer de la sorte, de plus en plus, les liens de cette amitié.
Si, après que vous aurez insinué ce que dessus aux deux ministres de France et de Suède, ceux-ci approuvaient que vous en fissiez la démarche auprès du sieur de Schulin, mon intention est que, en ce cas, vous parliez au sieur de Schulin en conséquence du contenu de cette présente dépêche, que vous communiquiez ensuite à l'abbé Lemaire et au ministre de Suède la réponse qui vous y aura été donnée par ledit sieur de Schulin, et que vous me fassiez votre rapport de cette même réponse. Mais si les deux susmentionnés ministres n'agréaient pas semblable démarche de votre part, je veux que vous la laissiez tomber et qu'il n'en soit pas question.
Federic.
Nach dem Concept.
9-1 Vergl. Bd. VI, 266.